• Chapitre 64

    Il existe un autre monde.

    Sur la route qui la menait chez son fils, Maminette réfléchissait au meilleur moyen de lui parler. Elle savait sa belle fille plus réceptive au surnaturel. Elle connaissait bien les légendes et avait une passion pour celles de Russie peut-être à cause de son métier de traductrice.

    Mais là elle va les confronter à une étrange réalité.

    Elle savait que ça ne serait pas facile. Il faut qu’elle y aille doucement. Il fallait qu’elle réussisse, il le fallait pour sa petite fille.

    Elle voyait déjà leur maison, son fils s’occupait de ses fleurs. Il leva la tête lorsqu’il remarqua la voiture qui se garait dans son allée. Maminette descendit et lui demanda de s’occuper de tous les bagages.

    -         -  Lize n’est pas avec toi ?

    -          - Tu sais comment sont les filles de cet âge-là ? Insouciantes, pressées… mais je retourne les chercher demain matin.

    Elle savait qu’il était déçu de ne pas voir sa fille après deux semaines d’absences mais elle n’avait pas eu le choix.

    -          - Andrew, est-ce que Sarah est là ?

    -          - Oui, elle prépare ta chambre. Entre je m’occupe des valises.

    Sarah est charmante. Elle descendit pour l’accueillir et elle regretta également que Lize ne soit pas là.

    Après un rapide déjeuner, Maminette et Sarah sont monter pour vider les bagages.

    -          - Sarah, il faut que je vous parle de quelque chose.

    -          - Je m’en doutais. Ça me préoccupe depuis ton coup de téléphone. Je sais que tu adores Lize et je sais que ta présence pour sa remise de diplôme est légitime mais il y a autre chose n’est-ce pas ? Tu n’es pas malade ?

    -          - Non, ne t’inquiètes pas. J’ai une santé de fer. Mais tu as raison il y a autre chose. Et j’ai besoin de toi.

    -          - Tout ce que tu veux. Dis-moi ce que tu attends de ton unique belle-fille ?

    -          - Je sais que tu as déjà fait beaucoup pour moi. Je me souviens que c’est grâce à toi que j’ai pu reprendre une relation avec Andrew et je t’en suis reconnaissante.

    -          - Je venais d’apprendre que j’étais enceinte et mes parents étaient morts depuis longtemps. Alors quand j’ai enfin appris de la bouche d’Andrew que notre enfant avait quelque part une grand-mère je ne pouvais pas rester sans rien faire.

    -          - C’est pour ça que j’ai besoin de toi encore une fois, pour que tu aides ton mari à comprendre et accepter certaines choses. Il est temps d’aller le retrouver. Je prends ce petit carnet et j’arrive.

    Ils étaient tous les trois réunis dans le salon. Andrew était tendu et Sarah lui tenait la main. Maminette avait tenu à s’assoir face à eux. Elle expliqua qu’elle avait certaines vérités à dévoiler sur ses absences de la maison lorsque son fils était plus jeune.

    Andrew lui dit que c’était une vieille histoire et qu’il ne fallait pas que ça la préoccupe.

    -          - Pourquoi remettre ça sur le tapis maman ? Tu es malade ? Tu es venue nous faire tes adieux….

    -          - Chut ! Calme-toi. Je vais très bien je te le jure. Laisse-moi une chance de t’expliquer. Tout d’abord je vais vous demander de lire les pages que j’ai marqué dans ce carnet.

    -          - Ce n’est pas celui que tu as donné à Lize à Noël ? lui demanda Sarah.

    -          - Oui c’est bien lui. Je vais vous demander de lire sans poser de questions avant la fin. Promets-moi Andrew de ne pas t’énerver, tout ce que j’ai noté dans ce journal est la pure vérité.

    Sarah et Andrew se rapprochèrent l’un de l’autre afin de pouvoir lire en même temps. Maminette les regardait avec anxiété. Le visage de Sarah prenait plusieurs expressions, ça pouvait aller de l’angoisse à de l’amusement. Elle lui faisait penser à Lize lorsqu’elle lui racontait des histoires de princesses et de monstres pour s’endormir. Celui d’Andrew ne changeait pas, son front était plissé il exprimait la colère.

    -          - Maman, si c’est une blague ça ne me fait pas rire. Tu crois que je vais croire à tes sornettes. Etre seule ne t’a pas arrangé, il te fallait inventer un monde à toi ?

    -          - Chéri, tu as promis de ne pas t’énerver. Essayons d’en discuter et laisse ta mère nous donner sa version.

    -          - Merci Sarah. Andrew est-ce que tu ne peux pas ouvrir un peu ton esprit ? Ce que vous avez lu ne sont pas les fables d’une vieille dame dérangée. Rassure-toi j’ai encore toute ma tête. Ton père savait qui j’étais mais nous n’avons pas le droit de le dire ça nous est interdit. Il m’avait fait la promesse de ne le raconter à personne pas même à toi. J’étais ce qu’on appelle dans l’autre monde une gardienne.

    -          - Une gardienne ? J’ai déjà vu ce nom dans quelques légendes. Les gardiens soignent les êtres surnaturels et ont un peu un rôle de conseiller lors de conflits entre les espèces. C’est bien ça Magguy ?

    -          - Non mais tu ne vas pas rentrer dans ses délires.

    -          - Andrew ce n’est pas un délire. Beaucoup de peuples croient à tout ça. Les légendes ne sont que des histoires mais elles cachent souvent la vérité. Beaucoup de pays du nord de l’Europe sont persuadés que des créatures comme les loups-garous, les fées, les vampires ou les elfes ont existés ou existent encore. C’est une réalité, beaucoup de spécialistes se sont penchés sur certaines croyances, sur certaines  superstitions  qui se perpétuent encore aujourd’hui.

    -          - Ecoute Sarah, je ne mets pas ta parole en doute mais là quand même c’est un peu dur à avaler. Maman pourquoi tu nous le dis maintenant alors que tu viens de nous préciser que cela t’es interdit de le dévoiler ?

    -          - Parce que c’est important que vous le sachiez. Et cela pour plusieurs raisons que je vous apprendrais au fur et à mesure de notre discussion. Et puis j’ai fait une demande et l’on m’a autorisé à tout vous raconter.

    -          - En quoi ça nous concerne ?

    -          - Ça vous concerne parce que vous êtes les parents de Lize.

    -          - Qu’est-ce que Lize à avoir là-dedans ? Qu’est-ce que tu lui as mis dans la tête ? Qu’elle peut devenir une gardienne comme sa grand-mère. Non mais je délire, je vais me réveiller. Sarah, tu ne dis rien ? Elle a monté la tête à notre fille et tu ne dis rien.

    -          - Maintenant ça suffit Andrew, assieds-toi, lui dit sèchement Sarah. Maggy qu’est-ce qu’il se passe ? Il est arrivé quelque chose à Lize et c’est pour ça qu’elle n’est pas là ?

    -          - Calmez-vous Lize va bien. C’est moi qui lui ai demandé de ne pas rentrer avec moi pour qu’elle puisse me laisser du temps pour vous parler. Et Andrew je te jure que je n’ai pas monté la tête à Lize. Je vais essayer de vous expliquer.

    Maminette expliqua tout d’abord qu’il existait bien des êtres surnaturels et que pour des raisons évidentes ils ne se montraient que rarement aux êtres humains. Elle regarda Sarah et lui confirma que les vampires, les loups-garous, les fées et les elfes existaient bien, ainsi que d’autres créatures assez méconnues dans notre monde. Voyant qu’ils étaient réceptifs surtout Sarah, elle leur parla tout particulièrement des elfes et de la prédiction.

    -          - Maximilien, lâcha Sarah.

    -          - Tu es très intuitive, lui dit Maminette. Oui Maximilien est bien un elfe.

    -          - Et bien sûr Lize le sait.

    -          - C’est impossible. Il nous ressemble, il va au lycée, il conduit une voiture.

    -          - Andrew réfléchit un peu. Tout est clair maintenant. Il a de très bonne manière, il sait énormément de choses sur les plantes, les fleurs. Les elfes sont très proches de la nature. Mais Magguy si il est le prince de la prédiction ça veut dire que Lize est la jeune fille dont on parle également ?

    -          - Oui Sarah.

    Elle leur raconta ce que la reine Célébrian avait essayé de faire pour empêcher la prédiction et que c’était peut-être un peu de sa faute si Lize y avait été mêlée. Elle n’aurait jamais dû partager son bonheur d’être bientôt grand-mère.  Maminette avait compris ce qui se passait que le jour de Noël mais elle n’avait su la vérité que lorsque Lize et Tess ont débarqué chez elle pour les vacances. Elle leur apprit que Maximilien et Lize avait un lien très fort et que leur destin était scellé, c’était pour ça que lorsqu’il a été enlevé elle était si mal.

    Elle reprit toute l’histoire, l’enlèvement, Lize et ses amis qui avaient compris ce qui s’était passé, ils avaient appris que l’on cachait Max non loin de chez elle et avaient décidés d’aller le libérer car impossible de prévenir la police vu les circonstances.

    -          - Mais ils sont fous. Ils voulaient le libérer ? Une poignée de gamins ! Du délire !

    -          - Tu les as aidés Magguy ? demanda Sarah.

    -          - J’ai dû leur apprendre la vérité à mon sujet mais ils étaient déjà au courant au sujet des gardiens car l’un d’eux les accompagnait. Il s’agit de Christopher.

    -          - Le patron de la Cafet ? Depuis quand Lize le savait-elle ?

    -          - Depuis l’enlèvement de Maximilien. C’est lui qui l’a poussé à aller vers Christopher par la pensée.

    -          - Par la pensée ? de mieux en mieux.

    -          - Chéri s’il te plait, arrête ! C’est ça le lien dont tu nous parlais ? Ils peuvent se parler par télépathie ? Mais comment ? Elle n’a jamais eu de telles prédispositions.

    -          - Euh ! Normalement c’est plutôt à Lize de vous apprendre certaines choses.

    -          - Oh ! dis Sarah, je vois.

    -          - Quoi ? Tu vois quoi ?

    -          - Je crois que notre fille et bien comment te le dire….. enfin tu vois un garçon, une fille, ils s’aiment et puis….

    -          - Tu veux dire que notre fille n’est plus vierge ?

    -          - Voilà, lança Sarah soulagée que son mari ait compris où elle voulait en venir.

    -          - Je vais avoir une explication avec eux, crois-moi Sarah ça ne va pas se passer comme ça.

    -          - Je crois que tu oublies mon chéri l’âge de ta fille et l’âge que nous avions lorsque nous nous sommes rencontrés. Je suis tout à fait d’accord avec toi il va falloir que nous ayons une discussion avec ces deux jeunes gens mais ta réaction est un peu excessive même si je sais que c’est encore ta petite fille et que tu veux la protéger. Magguy tu m’as dit que tu retournais chercher Lize demain matin ? Est-ce que ce serait possible de prendre Maximilien en passant ?

    -          - Oui bien sûr. Je pense que ça peut s’arranger.

    Maminette se retira pour aller se reposer mais surtout elle voulait leur laisser du temps pour discuter de tout ce qu’ils venaient d’apprendre. Sarah la rattrapa dans le couloir.

    -          - Merci de nous avoir tout raconté. Mais Lize est-elle en danger ?

    -          - Oui. Mais il y a beaucoup de monde qui la protège et elle a le meilleur garde du corps Maximilien.

    -          - Il y a encore des choses que l’on doit savoir ?

    -          - Oui mais cette fois-ci il faut mieux que ce soit votre fille qui vous le dise.

    -          - Une dernière question, demanda-t-elle tout bas. Lize est-elle en ce moment avec Max ?

    -          - Oui, chuchota Maminette, mais Tess et les deux amis de Max sont avec eux également.

    Elle pivota et retourna s’assoir auprès de son mari.

     


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