• chapitre 79

    Chapitre 79

    La bataille

    Lorsque j’ai ouvert les yeux j’étais dans notre chambre et Max était à côté de moi. Plus loin se trouvait la grande prêtresse et la reine Célébrian.

    -          - Ma princesse, tu vas mieux ? Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?

    -          - Je ne sais pas, peut-être le stress, lui dis-je en regardant la grande prêtresse.

    Max s’est levé et s’est dirigé vers elle.

    -          - Pourquoi était-il urgent de lui apprendre à fermer son esprit ? Qu’est-ce que vous lui avez dit ?

    -          - Max ! Tu ne dois pas parler comme ça ! Si la prêtresse a jugé bon de faire ce qu’elle a fait c’est pour une bonne raison n’en doute pas.

    -          - Mais je m’inquiète pour Lize ! Elle s’est évanouie et je suis sûre que c’est parce qu’elle a eu un choc. Je ne sais pas lequel mais je l’ai senti.

    -          - Max, s’il te plait, je vais bien je t’assure. Ne gâche pas les derniers moments de calme que nous pouvons avoir. Je vous remercie de vous inquiéter pour moi mais est-ce que je pourrais maintenant être seule avec Max ?

    -          - Bien sûr, mon enfant, me dit la reine. Mais repose-toi. Max je compte sur toi, prends soin d’elle.

    Elle demanda à la grande prêtresse de la suivre et sont sorties de la chambre me laissant seule avec Maximilien. Je respirais calmement je savais que mes barrières ne s’étaient pas effondrées, il fallait que je réussisse à garder le secret. Max me regardait intensément, il essayait de rentrer dans mon esprit je le sentais.

    -          - Tu peux laisser tomber s’il te plait ? Je te demande juste d’avoir confiance en moi.

    -          - Je te sens tellement perturbée. Tu ne veux vraiment pas me dire ce qui se passe ?

    -          - Non ! Je te demande de faire ça pour moi, pour nous. Je peux juste te promettre que je te le dirais le moment venu.

    -          - Pourquoi pas maintenant ?

    -          - J’ai juré, tu comprends ?

    -          - Je comprends, me dit-il tristement.

    Je lui ai pris son visage dans mes mains et je l’ai embrassé doucement, tendrement mais intensément. Il m’a rendu mes baisers, nos sens étaient en ébullition pour ne pas changer mais nous avions besoin de les vivre à fond comme si c’était la dernière fois que nous pouvions nous serrer dans les bras, nous embrasser, nous caresser.

    Minuit approchait. Le jour du 21 juin n’était plus qu’à quelques minutes. Nous nous sommes tous rassemblés au salon. Le silence prenait encore plus d’ampleur vu les circonstances. Maminette est venue à ma rencontre, elle était pâle et n’osait pas me regarder dans les yeux. Je crois qu’elle ne voulait pas que l’on pleure mais si elle savait comme mes larmes m’empêchaient d’avaler correctement ma salive. J’avais une boule et j’étais nerveuse. Je regardais tour à tour les personnes dans la pièce. Je me suis rendue compte que j’aurais bien aimé faire un peu plus connaissance avec  la fée  Artanis et le vampire Luka. J’aurais aimé savoir si les contes où les histoires avaient du vrai. Mais ce n’était plus le moment. J’ai regardé Aldaron, la reine, Gus, Christopher, Edwald et Soren. Je ne voulais pas penser que je ne les reverrais plus, je ne voulais pas faire mes adieux. Heureusement pour moi personne ne le fit, comme pour garder l’espoir de se revoir ici même dans quelques heures, dans quelques jours. Les premiers à partir ont été Artanis et Luka, ils allaient rejoindre leurs espèces respectives. Gus ensuite est parti rejoindre sa meute. Christopher et Maminette se sont approchés m’ont juste pris dans leur bras et se sont éloignés à leur tour.

    Aldaron est parti avec Edwald pour retrouver les gardes royaux. La reine, la grande prêtresse et Soren nous attendaient. Max m’a pris par la main, m’a regardé et m’a caressé la joue. Ses doigts m’électrisaient, je ressentais la ligne qu’il avait tracé sur mon visage.  Nous sommes sortis de la maison toujours la main dans la main. La reine nous a souri, Soren est venu m’embrasser sur le front. Aucun mot ne sortait. Nous nous sommes dirigés vers une clairière que nous trouverions après avoir traversé les bois.

    Le ciel s’était assombri nous savions que ça ne présageait rien de bon. Il nous fallait être prudent, l’attaque pouvait commencer à tout moment. Toujours ce silence pesant. Max me caressait le dos de la main de son pouce. J’essayais de caler ma respiration sur la sienne. Il arrivait à se maîtriser, il me fallait être forte, je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi plus qu’il ne le ferait. Je voulais lui prouver que je prendrais ma destinée à pleine main avec le courage d’une princesse d’un peuple que je ne connaissais pas encore.

    Il faisait froid malgré le fait que nous étions maintenant en été. Et oui ! L’été, le soleil, la chaleur, les vacances. La nuit s’éternisait. Je n’osais pas m’endormir dans les bras de Max. Un moment d’inatention et nous serions perdus, je serais perdue !  Tout le monde gardait le silence. Je pensais à mes parents, à Tess. A cet instant que faisaient-ils ? Ils dormaient, ils étaient éveillés et se tracassaient pour nous. Je pensais plutôt à la deuxième solution. Que faisait Maminette ? Je savais qu’elle n’avait pas voulu partir qu’elle voulait aider les êtres surnaturels pour lesquels elle avait vécu toute sa vie et aussi pour être à mes côtés. Cette nuit elle était la gardienne Margareth et pas seulement ma grand-mère.

    Delduwath se faisait attendre mais c’était à prévoir. Il mettait nos nerfs à rude épreuve et comptait sur notre fatigue j’en étais persuadée maintenant.

    L’aube pointait le bout de son nez. Les nuages noirs se concentraient au-dessus de nous. Ils approchaient. Max était de plus en plus nerveux. Il respirait plus rapidement, moi aussi. Calme-toi Lize, vide ton esprit respire calmement. Il faut être forte pour lui.

    Nous avons vu des éclairs zébrés  le ciel, jusqu’à tomber sur le sol. J’ai sursauté, Max se tenait à genoux à mes pieds.

    -          - Max lève-toi ! Je t’en supplie, lève-toi mon amour.

    -          - Je…… je ne peux pas ! Il m’oblige à rester à terre.

    -          - Essaie de vider ton esprit. Lève-toi !

    Mais il ne le pouvait pas. J’entendais quelqu’un l’appeler. Je savais que c’était son père, il était entré dans sa tête. Il l’appelait pas la pensée.

    -          - Maximilien, prince des ténèbres, viens à moi !

    -          - Non ! Je ne veux pas venir vous rejoindre, criait Max.

    Les autres nous regardaient. Ils savaient qu’il se passait quelque chose mais nous n’étions que tous les deux à entendre cette voix.

    -          - Viens à moi et je ne ferais aucun mal à ceux que tu aimes.

    -          - Non ! Vous mentez, vous voulez le pouvoir, je le sais.

    -          - Nous dirigerons la terre ensemble, tu pourras garder ton jouet humain si tu le désires.

    Je voyais Max souffrir terriblement. Il se tenait la tête. Je savais que son père le torturait. Je ne savais pas de quelle manière puisque pour l’instant il nous était impossible de le voir concrètement.

    Tout passa très vite. Les ombres se sont approchées sortant de nulle part. Ils arrivaient par centaines. Je les ai vu se transformer en démon et se diriger dans les directions où se trouvaient tous nos alliés et nos amis. Je ne voulais pas sortir mon épée tout de suite. Je trouvais encore incroyable le fait que grâce à ce ceinturon il était impossible de la voir tant que nous ne l’avions pas en main. Il ne fallait pas qu’ils sachent ce que j’étais devenue du moins pas pour le moment. La reine avait raison, Delduwath ne savait toujours pas pour moi.

    J’entendais au loin déjà des bruits de bataille et des cris. Je me répétais que tout irait bien, que je resterais forte. Max s’est levé tout d’un coup comme un automate. Je lui répétais de se battre pour moi, de mettre des barrières pour que son père ne puisse plus entrer dans son esprit. Je voyais qu’il essayait mais ça lui était très dur, il souffrait et lorsqu’il posait son regard sur moi je voyais ses larmes au coin de ses superbes yeux bleus. Vide ton esprit, soit forte, bats-toi pour lui. Récupère celui que tu aimes, c’est ta destinée. Voilà ce que je me répétais minute après minute.

    Une forme approchait. Malgré un épais brouillard je commençais à distinguer une silhouette. Il nous est apparu enfin Delduwath. Il n’avait pas de trait particulier, il avait une tête bizarre comme si il n’avait aucun trait, ni aucun visage. C’était assez répugnant d’ailleurs. Il s’approchait de nous. Les démons qui l’accompagnaient se ruaient vers la reine, la prêtresse et Soren. J’ai vu apparaître Aldaron et Edwald. Tous se battaient avec précision. Edwald avait un arc et lançait des flèches de lumières. J’entendais le claquement des épées sur  les armes des démons. Delduwath s’approchait encore, je me suis mise devant Max comme pour le protéger. Son père s’est mis à rire.

    -          - Tu comptes faire quoi petite humaine insignifiante ?

    -          - Vous n’emmenerez pas celui que j’aime, je ne vous le permettrais pas !

    -          - Et que comptes-tu faire pour m’en empêcher ? Max est déjà à ma merci, il ne pourra pas te défendre.

    Je l’ai regardé dans les yeux et j’ai brandi l’épée d’Angurva. Delduwath eut un moment de recul en reconnaissant l’épée. Il savait maintenant que je n’étais pas une simple humaine.

    -          - Comment est-ce possible ? Angurva n’obéit qu’à la reine normalement.

    -          - Où à une future reine, lui répondis-je.

    -          - Tu m’as surpris mais tu n’as pas les pouvoirs de me détruire. Je n’ai pas peur de cette épée.

    Il fit signe à des démons qui s’approchèrent méchamment de moi. Je reculais tout en regardant Max. Son père l’avait soulevé de terre et le tenait à la gorge. Il lui parlait mais je n’entendais pas les mots qu’il prononçait. Je n’arrêtais pas de parler à Max par la pensée, je lui disais de tenir bon, que je l’aimais. Les démons se sont jetés sur moi, je les ai combattus. Je me sentais forte, je n’arrivais pas à le croire. Comment je réussissais à mener une bataille contre des démons ?

    Je n’arrivais pas à voir qui se trouvait à côté de moi. Je savais que l’on se battait mais je ne pouvais pas regarder, les démons avaient reçu l’ordre de me tuer et à chaque fois que j’arrivais à en tuer un, un autre se jettait sur moi. Le plus terrible pour moi c’était les cris. Les cris que j’entendais au loin et tout proche à la fois.

    Tout d’un coup quelque chose me poussait à regarder sur ma droite. Edwald s’écroulait sur le sol. J’ai crié, je savais qu’il avait péri. Mes larmes montaient mais le temps n’était pas à la tristesse, il fallait que je me batte.  La reine n’était plus que l’ombre d’elle-même mais elle tenait bon, Aldaron était à ses côtés. Je ne voyais plus Soren. Reste calme Lize !

    J’avais réussi à échapper aux démons, les autres s’occupaient de ceux qui nous entouraient et je me suis précipitée vers Maximilien. Son père l’avait lâché et donnait des ordres à des démons. Je me suis approchée.

    -          - Max ? Max mon amour, tu m’entends ? Reviens vers moi. Je suis là.

    Mais aucun son ne sortait de sa bouche. L’avais-je déjà perdu ? C’était impossible. Je suis celle qui dois le sauver et je ne savais pas comment. Il a levé la tête vers moi, son visage n’était que tristesse et dévastation. Mais le pire pour moi ça a été lorsqu’il a ouvert les yeux. Ses yeux bleus avaient disparus et à la place il n’y avait que du noir. Je l’avais perdu, c’était terminé. Il était devenu un monstre, un démon. Mais je continuais à lui parler, à lui dire que je l’aimais. Il fallait que je garde espoir je le sentais au plus profond de moi.

    Delduwath s’est retourné et m’a vu auprès de Max. Il s’est approché, je sentais que la fin de ma vie était proche. Je ne pourrais pas l’expliquer mais j’ai su qu’il était temps de dire la vérité à Maximilien.

    Je me suis approchée de son oreille et j’ai soufflé le secret que m’avait confié la grande prêtresse.

    J’ai reculé. Delduwath m’avait attrapé et m’avait envoyé plus loin. J’allais me relever quand j’ai vu derrière Delduwath Maximilien qui s’était remis debout, ses yeux avaient repris leur couleur bleu. L’espoir a grandi en moi, j’ai su que l’on avait une chance.

    Il m’a regardé les yeux remplis de larmes. Il a réussi à se positionner à côté de moi. Là j’ai compris ce que m’avait dit la première fois la grande prêtresse.

    -          - Max. Il ne faut pas que l’on utilise nos pouvoirs chacun de notre côté, il faut qu’on les utilise comme si nous n’étions qu’un. Que nos pouvoirs s’allient pour être plus puissant. Tu te rappelles comme lorsque l’on est venu te libérer.

    -          - J’ai compris, me dit-il en m’attrapant la main.

    Nous avons vidé notre esprit et avons dirigé notre lumière en un seul et unique endroit. Notre halo de lumière a éclairé la clairière. Les démons se sont retrouvés à terre. Nous avancions et nous nous sommes positionnés devant nos amis. Ils étaient protégés, nous le savions. Delduwath était en colère. Les éclairs sortaient de ses mains. Ils les dirigeaient vers nous.

    -          - C’est impossible. Comment pouvez-vous être aussi fort ?

    -          - Cher père vous avez oublié une chose, l’amour peut faire des miracles. Et vous, vous n’êtes que haine et destruction.

    -          - Tu as choisi ton camp alors tu devras mourir. Si je ne peux pas t’avoir à mes côtés personne d’autres ne le pourra.

    Ses attaques se concentraient sur nous. Nous les sentions réellement mais nous devions garder notre contact, ne pas nous lâcher.

    Je sentais les décharges m’atteindre. Je tenais bon. Maximilien me tenait toujours la main, nous avancions vers son père déterminé à le détruire. Il ne reculait pas il voulait lui aussi cet affrontement. Il souriait, il se sentait supérieur, il ne croyait pas que nous pouvions le tuer. Nous avancions encore et encore. Je pris mon épée, j’ai appelé à moi toutes les âmes des épées elfiques. Angurva s’est éclairée, elle était comme si nous venions de la retirer des braises. Max et moi nous nous sommes regardés, avons fait un signe de tête, nous nous étions compris. Toute notre énergie nous l’avons dirigé vers la pointe de l’épée et je me suis vue transpercer le corps de Delduwath. Il s’est effondré nous regardant surpris.

    -          Ce n’est pas terminé, je n’ai pas pu vous détruire mais je vous jure que quelqu’un d’autre prendra ma place. Vous êtes toujours en danger.  Vos enfants seront en danger. C’est une promesse, nous dit-il dans un dernier souffle avant de disparaître en fumée.

    Nous avions réussi. Delduwath était mort. Il nous avait dit que nous étions toujours en danger. Pour l’instant ce n’était plus un problème nous aurions le temps d’en reparler.

    Max et moi nous nous sommes encore concentrés pour que notre halo de lumière fasse disparaître les derniers démons qui s’étaient retransformés en ombres lorsque leur maitre est mort.

    Le silence était revenu. Les nuages noirs avaient disparus et la lumière du jour nous permis de voir les horreurs autour de nous. Malheureusement il y avait des corps qui jonchaient le sol. Je me suis rappelée d’Edwald que j’avais vu tomber. J’ai couru dans la direction où il se trouvait et je l’ai vu là sans vie. Je me suis agenouillée et j’ai pleuré. Max est venu me rejoindre, il m’a pris dans ses bras. Soren est apparu et a couru vers nous. Il a regardé le corps sans vie de son ami, s’est assis par terre et il a regardé autour de lui les yeux remplis de larmes. Soren était vivant. A cet instant j’ai pensé à Tess.

    J’ai entendu la reine derrière moi, elle criait le nom d’Aldaron. Je me suis retournée pour la voir assise sur le sol avec dans ses bras le corps de son frère. Max est allé la rejoindre, ils se sont enlacés dans la douleur.

    La grande prêtresse était là debout. Elle me regardait. Elle savait ce qui nous avait sauvé et m’a souri avant de repartir en direction de la maison en regardant le désastre qui nous entourait.

    Combien de personnes étaient mortes ? Je m’inquiétais, nous n’avions pas de nouvelles de nos autres amis et alliés.

    Et puis j’ai vu au loin une silhouette. Je la reconnaissais c’était Christopher. Mais je ne comprenais pas, il était seul. Il s’avançait vers nous. Ses traits étaient tirés après avoir passé une nuit difficile. Pourquoi Maminette ne l’accompagnait-elle pas ? Je me suis avancée dans sa direction comme s’il le fallait. Mon cœur battait fort. Lorsque je suis arrivée à deux ou trois mètres de lui il m’a enfin regardé, ses yeux étaient remplis de chagrin.  Aucune parole ne sortait de sa bouche. J’ai compris, à ce moment là j’ai senti que Maximilien était juste derrière moi et  j’ai senti ses bras se refermer sur moi  avant de retomber encore une fois dans l’inconscience.


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