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    CHAPITRE  17

     

    Aujourd’hui nous sommes samedi et je vais passer ma soirée chez Lize avec ses parents.

    Je devais passer la chercher. Tess n’était pas là du weekend et nous allons profiter de l’après-midi pour faire des choses ensemble. Je n’avais aucune idée sur les endroits où deux jeunes gens pouvaient aller lorsqu’ils avaient rendez-vous. J’espérais que Lize aurait des idées. Je suis arrivé très tôt devant chez elle. Elle a été surprise de voir que j’étais seul, elle croyait que mes amis seraient là. Une prochaine fois peut-être mais pas aujourd’hui c’était notre première sortie.

    Nous ne sommes pas revenus sur sa visite à Christopher, elle m’en  avait déjà parlé grâce à nos petits courriers. Et puis j’avais eu un coup de fil de Christopher dans la soirée. Il avait compris que Lize était la jeune fille de la prédiction et m’a demandé de prendre soin d’elle.

    -          - Qu’est-ce que tu as prévu ? me demanda-t-elle.

    -          - Rien du tout. Je voudrais passer une journée normale comme tous les autres couples. Je me laisse guider aujourd’hui. Montre-moi ce que tu aimes faire.

    -          - D’accord. Alors pour commencer direction la fête foraine qui vient de s’installer dans la ville voisine. Puis centre commercial et pour finir cinéma. Mes parents nous attendent pour 19 heures.

    Elle aime les fêtes foraines. Je n’y étais jamais allé mais je savais qu’il  y avait des manèges qui donnaient des sensations fortes.

    En fin de compte c’était génial, on s’est bien amusé, on a beaucoup ri surtout lorsque je me suis battu avec une barbapapa. Nous avons chahuté, nous nous sommes beaucoup embrassés. J’étais détendu. J’avais l’impression d’être enfin moi-même. Je n’étais plus sur mes gardes. Je n’étais plus un prince en danger, j’étais juste un adolescent de 17 ans. J’étais heureux et je sentais que Lize l’était également.

    Le centre commercial était ennuyeux et puis Lize refusait systématiquement que je lui offre quelque chose. J’avais du mal à comprendre, je voulais juste lui faire plaisir.

    Le cinéma est un endroit tranquille. Je n’ai pas tout compris au film car j’avais du mal à me concentrer avec Lize blottie dans mes bras dans l’obscurité. Nos baisers et nos étreintes nous ont pas mal occupé je dois dire.

    Lorsque nous sommes sortis nous avions encore un peu de temps avant de rentrer chez ses parents. Nous sommes allés prendre un café non loin du cinéma dans une petite rue que je ne connaissais pas.

    -          - Tu as passé un bon après-midi ? me demanda-t-elle.

    -          - Oui, c’était très instructif !

    -          - J’ai aimé te voir comme ça !

    -          - Moi aussi. Tu sais quelquefois c’est dur de se plier à certaines règles. J’ai des obligations envers les autres. Et grâce à toi aujourd’hui j’ai pu être moi-même.

    -          - Qu’en pensent les autres de notre relation ?

    -          - Edwald et Soren t’aiment beaucoup. Je devrais d’ailleurs les surveiller d’un peu plus près ces deux-là, lui dis-je espiègle.

    -          - Et Evguénia ?

    -          - Evguénia restera Evguénia. Je sais qu’elle te provoque de ses regards et que ça te terrifie. N’oublies pas que je peux ressentir tes humeurs. Elle sait également qu’elle et moi c’est impossible. Je crois que quelquefois elle préfèrerait que je meure pour que je ne puisse plus t’appartenir.

    -          - Ne me dis pas des choses comme ça. Je ne veux pas que tu meures, je ne veux pas que tu rejoignes ton père.

    -          - Chut ! Ne gâchons pas cette journée.

    -          - Tu as raison, désolée. En parlant d’Edwald je connais quelqu’un qui s’intéresse à lui.

    -          - Tess ! lui dis-je en souriant. Mais elle ne regarde pas autour d’elle. Il y a quelqu’un qui la dévore des yeux et qui ne demande qu’à se rapprocher d’elle.

    -          - Soren ! Maintenant que tu me le dis je comprends mieux certains de ses comportements.

    -          - Edwald s’intéresse à quelqu’un d’autre et ça le fait beaucoup souffrir.

    -          - Evguénia ?

    -          - Oui évidemment. L’amour est très compliqué. Ce n’est pas facile de trouver la bonne personne. Regarde autour de nous tous les problèmes que ça occasionne déjà.

    -          - Tu regrettes de m’avoir trouvé ? me demanda-t-elle tristement.

    -          - Non ma princesse. Tu es la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Tu me donnes la force d’avancer, de lutter contre la volonté de mon père. Si c’est toi qui m’es apparue c’est que tu étais la seule qui m’était destinée. Malheureusement dans le monde il y a des gens qui sont destinés l’un à l’autre et qui ne se rencontreront jamais.

    Je ne regrettais pas d’avoir trouvé Lize. Elle me fait découvrir de nouvelles choses et me fait connaitre de nouvelles sensations. Je croyais que vivre dans mon monde me suffisait mais plus je passe du temps avec elle et plus je me dis que c’est elle qui m’apporte la lumière. Vivre une histoire d’amour avec une humaine est beaucoup plus intense. Leurs sentiments sont multipliés par rapport aux elfes. Chaque jour nous découvrons quelque chose de nouveau et c’est euphorisant.

    Ses parents m’ont reçu chaleureusement. Je ne m’inquiétais pas mais Lize si. Son père me posait beaucoup de questions sur les plantes, les diverses végétations. Cela ne me dérangeait pas du tout je connaissais si bien la nature. J’ai même ajouté que dans ma famille nous avions un don pour le jardinage. J’essayais de me montrer poli et bien élevé mais pour ça aussi cela m’était naturel. Ils m’ont posé des questions sur ma famille, ma mère, mon oncle. Je pense que c’était important pour eux, ça devait les rassurer. Je commençais un peu à comprendre leur point de vue car j’ai tendance moi aussi à vouloir protéger Lize. Ils aimaient énormément leur fille je le voyais à leurs regards qu’ils posaient sur elle.

    Lize me regardait souvent. Au fur et à mesure de la soirée elle s’est détendue. Elle pensait que ça se passait bien et elle m’en était reconnaissante.

    Il était temps pour moi de rentrer. J’ai remercié chaleureusement ses parents pour leur hospitalité. Une idée m’est  venue à ce moment là.

    -          - Monsieur, mon oncle m’a demandé d’inviter Lize samedi prochain. Et je voulais votre permission.

    -          - C’est d’accord mais elle ne devra pas rentrer tard. Je te fais confiance pour prendre soin de ma fille, rajouta-t-il un peu plus durement.

    Je suis monté dans ma voiture et me suis dit qu’il fallait que je parle à Aldaron de mon invitation. Je savais que ça ne poserait pas de problèmes, je pense qu’il sera heureux de connaitre Lize. Par contre comment va le prendre Evguénia ? De toute façon elle ne pourra rien faire, nous serions trop nombreux contre elle.

     


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    CHAPITRE  16

     

    J’ai raccompagné les filles jusque devant la maison de Lize. Tiens ses parents sont dehors, je me demande s’ils ne nous attendaient pas. Lize est nerveuse. Tess est descendue la première de la voiture et s’est dirigé vers eux pour leur dire bonjour. Lize hésitait à sortir de la voiture, je lui ai pris la main. Je lui ai souri avant de descendre du véhicule. Elle a fait de même et nous nous sommes dirigés vers ses parents.

    Ils m’avaient l’air charmant et semblaient être un couple très unis.

    -          - Papa, maman, je vous présente Maximilien.

    -          - Bonjour monsieur, dis-je en tendant une main vers son père qui la serra à son tour.

    -          - Bonjour !

    Ah ! Il me montrait sa méfiance envers moi. Par sa froideur il voulait me faire passer le message attention à ma fille je t’ai à l’œil.

    Je me suis tourné vers sa mère et j’ai recommencé mon geste afin de lui dire bonjour également.

    C’est à cet instant que Tess choisit de partir car elle était déjà en retard pour rentrer chez son père.

    -          - Alors Maximilien, tu es au même lycée que Lize ? me dit sa mère pour engager la conversation.

    -          - Oui madame, mais seulement depuis septembre, je viens d’emménager.

    -          - Ah oui Lize m’a dit, tu viens d’Islande. Pas trop le mal du pays ?

    -          - Si un peu. Ma mère me manque beaucoup, elle n’a pas pu venir avec nous à cause de son travail.

    Je savais que Lize avait parlé de nous, de moi, à sa mère, sans lui révéler notre secret évidemment. Elle comptait sur son soutien et elle avait raison elle semblait plus ouverte que son mari sur le fait qu’un garçon s’intéresse à leur fille. Après quelques banalités j’ai pris congés. J’étais content de moi j’avais réussi à amadouer un peu son père en lui disant qu’il avait un magnifique jardin. Je sentais que Lize était fière de moi, je m’étais apparemment bien conduit. Je n’ai pas osé lui donné un baiser sur ses lèvres alors je lui en ai déposé un sur la joue et lui dit à demain.

    J’allais m’éloigner lorsque sa mère me demanda si je voulais me joindre à eux samedi soir pour le souper. Je ne pouvais pas faire autrement que d’accepter et je l’ai remercié de sa gentillesse.

    Lorsque j’ai repris la route j’ai regardé dans le rétroviseur jusqu’à ce que je ne voies plus Lize fixant également la voiture.

    Il va falloir que je sois à la hauteur, mon avenir avec Lize en dépendait et je ne voulais pas me mettre à dos ses parents. Je savais déjà que Lize appréhendait cette soirée. Même si je ne lisais pas en elle je l’aurais su quand même.

    Je savais qu’elle remerciait ses parents pour les efforts qu’ils faisaient à mon égard.

    Je m’éloignais de plus en plus  de mes amis et je passais de plus en plus de temps seul dans ma chambre. Je jouais comme à mon habitude avec mon petit boitier. Lorsque j’ai su qu’à l’intérieur m’attendait un petit mot de Lize.

    Je crois que ça s’est bien passé avec mes parents.

    Heureusement pour moi je ne mettais jamais très loin mon bloc et mon crayon. Je lui ai répondu très vite.

    Je le crois aussi. Tout va bien se passer.

    Ne t’inquiète pas pour samedi.

    Je viens vous chercher demain matin.

    Je t’aime.

    Maximilien.

    Je t’aime aussi.

    Lize.

    Celui-ci je ne voulais pas le détruire. Je voulais pouvoir le lire et le relire. Mettre par écrit je t’aime est tout un symbole quelque chose qui reste même lorsque l’on s’absente. Bien sûr rien ne vaut que de l’entendre dire à son oreille car c’est une douce musique à notre cœur. J’ai mis ce morceau de papier particulier dans mon portefeuille, je savais qu’il serait toujours près de moi.

    Cette nuit là les rêves de Lize m’envoutaient. Elle rêvait de nos caresses, de nos baisers. Mes sens étaient en éveil ça donnait un côté très excitant. Il m’a fallu beaucoup de concentration pour m’empêcher de m’éclipser dans la chambre de Lize.

    Lorsqu’il a fallu me lever pour le lycée je n’en avais pas très envie. J’étais fatigué de la nuit que j’avais passé dans les rêves de Lize. Me reprendre et calmer mes pulsions ont été un exercice assez épuisant il faut absolument que je contrôle mes rêves où du moins les effets qu’ils avaient sur moi.

    Après une bonne douche, un bon petit déjeuner et un tête à tête avec les arbres de la propriété je me sentais nettement mieux. Soren m’attendait au pied de la voiture et s’impatientait un peu.

    -          - On va finir par être en retard et les filles seront déjà parties pour le lycée.

    -          - J’arrive j’avais besoin de reprendre des forces.

    -          - Mauvaise nuit ?

    -          - On ne peut pas dire qu’elle était mauvaise, lui dis-je d’un air espiègle.

    Soren souriait à son tour et s’est engouffré dans la voiture. Il n’a pas osé me questionner sur ce que j’avais voulu dire mais je le soupçonnais d’avoir trouvé la direction de mes sous-entendus.

    Nous avons trouvé Tess et Lize en grande conversation. Les filles ont toujours des choses à se dire et c’est plutôt très humain. Lize voulait me parler, elle voulait aller voir Christopher. Je ne pouvais pas lui en empêcher pour elle et Tess, Christopher était leur ami. Elles ne savaient pas ce qu’il était pour nous. Et puis je lui étais reconnaissant d’avoir veiller sur la maison de Lize lorsque ses parents s’absentaient. Cependant il y avait le problème de JD. J’avais un peu peur de ses réactions alors j’ai demandé si Tess y allait également. Je savais aussi que cette démarche était importante pour Lize, elle ne voulait pas disparaître comme ça du jour au lendemain sans donner d’explications.

    Entre les cours j’essayais d’apercevoir Lize et à chaque fois que nos regards se croisaient son cœur battait plus vite et plus fort. Grâce à mes capacités je pouvais l’entendre comme si elle était tout contre moi. Nous ne voulions pas nous faire remarquer alors en cours d’histoire nous sommes restés à nos places initiales. Je ne pouvais pas m’empêcher de la regarder, de remarquer le moindre geste ou la moindre mèche qui retombait sur son visage et qu’elle replaçait délicatement derrière l’oreille. Edwald me rappelait souvent à l’ordre en donnant des coups de coude et en levant les yeux au plafond, en soupirant.

    Au réfectoire je pouvais enfin la retrouver. Les murmures avaient cessé mais Lize ne se sentait toujours pas très à l’aise. C’était agréable de faire parti d’un groupe et de parler de choses et d’autres. Evguénia regardait Lize avec tellement de haine que j’avais de plus en plus de mal à le supporter mais que pouvais-je faire, la renvoyer chez nous ? Elle ne dépassait jamais les limites et gardait ses distances.

    La journée de cours prenait fin et j’attendais sur le parking, adossé à ma voiture. J’étais seul, mes amis étaient déjà partis. Elle arrivait avec Tess en me regardant les yeux brillants. Je ne voulais pas qu’elle me laisse mais il fallait qu’elle aille à la Cafet. Nos baisers s’éternisaient et Tess s’est sentie obligée de tousser pour nous rappeler sa présence.

    J’ai voulu jouer avec ses sentiments en lui faisant une mine à la fois boudeuse et espiègle. Bien sûr elle n’y croyait pas mais j’ai senti qu’elle avait un réel plaisir de me voir ainsi.

    Je me suis approché, j’avais l’esprit ailleurs et je voulais le lui dire.

    -          - J’oubliais, je rêve toujours de tes rêves, ma princesse. Ils me plaisent, ils deviennent de plus en plus intéressant, lui chuchotais-je.

    -          - Maximilien ! me souffla-t-elle gênée alors que je m’engouffrais dans la voiture.

    Je les ai regardé entrer dans la Cafet je savais que le seul danger était un simple humain. Pour les autres dangers Christopher les protégerait. Je rentrais rassurer malgré le fait de laisser Lize. Mais il fallait que je lui fasse confiance et que je lui laisse un peu de liberté. Je me savais un peu trop possessif à son égard et je sentais que c’était mal. De toute façon je le savais toujours lorsqu’elle était en danger et lire dans ses pensées me permettait de garder un œil sur elle.

    Il fallait aussi que je passe un peu plus de temps avec mes amis, ils s’étaient jusqu’à présent montrer patients avec moi et sans se poser de questions.

    Lize avait raison il fallait que l’on vive normalement sans craindre ce qui pouvait se trouver derrière nous.

     

     


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    CHAPITRE 15

     

    L’aube était arrivée avec mon éveil. Je me suis levé et j’ai regardé par la fenêtre la nature s’éveillée doucement.

    Flâner sous la douche était quelque chose que j’aimais beaucoup. Ça me faisait penser à notre cascade chez nous. Toute cette nature et ces endroits magnifiques me manquaient. J’espérais qu’un jour je pourrais les montrer à Lize.

    Soren m’attendait dans la cuisine. Il était seul. Je lui ai souri.

    -          - Toujours décidé à me suivre ?

    -          - Il te faut un garde du corps, me dit-il en riant.

    Comment Tess va prendre le fait que j’aille les chercher ? Lize va tout lui raconter j’en suis certain. Elle va lui parler de l’attaque des ombres à moins qu’elle ne lui parle que de JD. De toute façon maintenant il n’est plus question que Lize aille à pied au lycée, beaucoup trop dangereux. Nous avons roulé vers Bothell en direction des quartiers résidentiels. Lorsque j’ai tourné dans sa rue je les ai vu toutes les deux devant la maison. Mes yeux fixaient déjà la silhouette de Lize, j’avais hâte de la voir. Tess a perdu son sourire quand elle a vu que ce n’était pas Edwald mais Soren qui m’accompagnait. Soren était gêné il avait compris. Il céda cependant sa place à Lize pour se mettre à l’arrière.

    -          - Bonjour ma princesse, lui dis-je en l’embrassant.

    Hummm ! C’était tellement bon. Ses lèvres m’avaient tellement manqué.

    -          - Edwald n’est pas avec vous ? demanda Tess.

    -          - Non. Il est parti au lycée avec Evguénia, lui dit Soren.

    -          - Ça va ? demandais-je à Lize en lui caressant la main.

    -          - Oui. Je n’ai pas envie de me sauver si c’est ce que tu veux savoir. Par contre je voudrais que l’on se retrouve à la fin des cours. Je crois que nous avons tous à parler. Tess doit savoir et je veux que vous soyez là. Maximilien tu peux voir ça s’il te plait ?

    -          - Tu as raison. Il y a encore trop de choses que tu ignores et c’est important pour votre sécurité que vous appreniez certaines choses.

    J’étais soulagé que Lize veuille encore de moi. Je trouvais qu’elle avait eu une bonne idée. Nous devions nous retrouver en dehors du lycée dans un endroit où nous pourrons parler sans crainte. Tess doit tout savoir. Elle est de toute façon impliquée depuis que les ombres s’étaient prises à elles un soir.

    Nous arrivions au lycée. Je voulais que ce soit une belle journée. Je voyais Edwald et Evguénia qui nous attendaient sur le parking. Je suis descendu et j’ai pris Lize par la taille. Nous avons pris le chemin des cours, la journée va être longue.

    Il était 15 heures lorsque nous nous sommes retrouvés devant nos voitures. J’avais parlé à Edwald et Evguénia de l’idée de Lize. Evguénia n’était pas d’accord mais elle s’est abstenue de tout commentaire. Il nous fallait un endroit calme et tranquille. Je savais que Lize avait pensé à la Cafet l’endroit où se trouvait le gardien Christopher. Mais je n’avais pas le droit de lui en parler. De toute façon elles ne voulaient pas aller là-bas à cause de JD. Aller chez Lize ? Impossible en plus sa mère est là la journée. Soren a proposé que l’on aille chez nous et vu qu’Aldaron s’était absenté pour la journée nous ne serions pas dérangés.

    Tess hésitait, elle avait peur de se retrouver avec nous, dans une maison inconnue éloignée de toute habitation. Elle a regardé Edwald et je crois que c’est la chose qui l’a poussé à accepter. Pouvoir être avec lui a fait pencher la balance de notre côté.

    Nous nous sommes garés devant la maison. Lize admirait la demeure et regardait les différentes plantations alentour. Elle pensait au printemps.

    Nous nous sommes installés au salon. Je tirais Lize vers moi pour que l’on puisse s’assoir ensemble sur un des canapés. Je savais que mes amis ne prendraient pas place avec nous ils avaient compris. Tess s’est assise sur le sol non loin de son amie.

    Le silence était pesant. Chacun devait attendre que quelqu’un prenne enfin la parole. Lize s’est décidée à parler la première en me demandant si elle pouvait tout raconter à Tess. Je lui ai souri en lui faisant un signe de la tête afin de lui donner mon accord.

    Pendant que Lize lui expliquait, Tess ne parlait pas. Elle restait sans voix ce qui était bizarre surtout pour ceux qui la connaissait. Elle devait digérer les informations.

    -          - Vous rigolez là ? Vous vous moquez de moi ? Des elfes ?

    -          - Tess, lui dit son amie. Tu es celle qui devrait le plus y croire, ça fait plusieurs années que tu me bassines avec tes créatures surnaturelles et là tu as l’air sceptique !

    -          - Des elfes ? J’avais pensé à tout sauf à des elfes. Enfin vous êtes tous des elfes ou bien il n’y a que Maximilien ?

    -          - Tous, s’empressa de lui répondre Soren. Nous sommes là pour protéger Max. Dans notre peuple, il y a une hiérarchie comme dans tous les royaumes. Mais comment vous expliquer plus simplement ! Hummm….. Max est en haut de l’échelle c’est le fils de notre reine. Il sera à la tête de notre peuple lorsque sa mère le sentira assez mûr et capable de prendre sa place. Nous, nous sommes comme des chevaliers.

    -          - Des chevaliers comme pour le Roi Arthur ? dit Tess.

    -          - Un peu, lui dis-je en riant. Mais ils ne sont pas mes serviteurs. Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent. Ils n’ont pas de compte à me rendre. Ils sont mes amis. Ils doivent seulement respecter leur rang par rapport au mien. Je n’aime pas le principe mais par notre éducation nous sommes obligés de nous y plier.

    Lize m’a regardé. Elle avait compris pourquoi nous étions seuls sur le canapé. Elle nous a demandé ce qu’elles devaient savoir sur nous. Cette fois-ci c’est Edwald qui leur a expliqué que nous étions très proches de la nature, que nous avons la vue et l’ouïe super développées, que l’on ne craignait pas les maladies et que nous avions quelques pouvoirs magiques. Après un moment d’hésitation il rajouta que lorsque nous arrivions à l’âge adulte nous ne vieillissions plus, que nous étions immortels. Je me demandais comment prendrait Lize le fait que je sois un immortel mais Tess coupa mes pensées.

    -          - Oh la vache ! Immortels ! C’est le pied !

    -          - Tess. Je t’en pris, calme-toi.

    Nous leur avons expliqué que cependant nous pouvions mourir d’une très grave blessure. La discussion s’est encore prolongée quelques temps, nous leur avons un peu raconté comment était notre monde, ce qu’on y faisait.

    Lize était un peu nerveuse, il y avait des choses que nous n’avions pas encore abordé.

    -          - Est-ce que l’on peut parler des ombres maintenant ? me demanda-t-elle.

    Tout le monde avait repris leur sérieux. J’ai pris Lize dans mes bras.

    -          - Qu’est-ce que tu veux savoir ma princesse ?

    -          - Tout.

    Tout ? Etait-elle prête à tout entendre. Je soupirais et je me demandais si je devais tout leur dire. Je me suis lancé en leur expliquant que les ombres sont en fait des elfes de la nuit, un peuple méchant et sanguinaire. Qu’à force de monstruosité ils se transforment en démon. A la tête de ces elfes démons se trouve mon père Delduwath. On lui a prédit que s’il avait un jour un fils avec une femme de la plus haute lignée de sa société, ce fils se lierait à ses côtés le jour de ses 18 ans. Il deviendrait le plus puissant démon qu’il eut existé. Qu’il pourrait même prendre la place du dieu des enfers et de faire le mal sur toute la terre. Très ambitieux il se mit en quête de ce pouvoir. Il a cherché la femme la plus exceptionnelle qui pourrait engendrer un fils. C’est pourquoi une nuit, il s’est transformé en un être d’une immense beauté et qu’il séduisit ma mère.

    Lorsque je suis né, mon peuple a remarqué que je n’étais pas tout à fait comme les autres nouveaux nés. J’avais une marque sur la poitrine, la marque du peuple de la nuit. Ma mère a compris ce qu’il lui était arrivé et appris la prémonition qui pesait sur son enfant. Avec l’aide de son peuple et afin de sauver le futur roi ils cherchèrent un moyen de la détourner. Il fallait que je tombe éperdument amoureux d’une humaine qui me sauverait.

    A ce moment là, le silence se fit ressentir au sein de notre groupe. Evguénia fixait Lize avec tellement de haine. Il fallait que je l’éloigne un moment.

    -          - Tess ça te dérange si j’emmène Lize quelques instants ? Je voudrais que l’on parle tous les deux. Je te laisse en bonne compagnie, je te l’assure !

    -          - On va te faire visiter la maison et le jardin, lui dit Soren.

    -          - D’accord.

    Elle n’était pas ravie de rester seule avec mes amis sans doute parce qu’elle savait la vérité sur nous. Lize était inquiète pour son amie mais elle me laissa l’entrainer dans ma chambre.

    -          - Qu’est-ce que tu veux me dire ?

    -          - Tout d’abord il y a une chose que je veux faire depuis un moment.

    Je l’enlaçais, lui caressais les cheveux. Je les ai dégagé pour que ma bouche puisse descendre le long de son cou afin de lui déposer de légers baisers. Elle frissonnait comme la dernière fois. Je cherchais ses lèvres. Elle m’a mis ses doigts dans mes cheveux. Je n’ai pas pu attendre plus longtemps et je l’ai transporté sur le lit. J’avais envie de parcourir ce corps de caresses. Ma main allait et venait doucement le long de la colonne vertébrale. Je la sentais très réceptive à mes avances. J’ai senti sa main se faufiler sous mon tee-shirt, elle m’électrisait, je frissonnais de plaisir nouveau sous ses doigts. J’avais envie de toucher sa peau et j’ai mis à mon tour ma main sous son pull. Elle vibrait de plaisir. Plus je m’approchais de sa poitrine plus elle avait le souffle court et son cœur s’accélérait. J’ai exploré ses seins, les caressant avec délicatesse. Je l’entendais gémir à mon oreille. Une douce musique qui me donnait des ailes, me transportait d’un désir immense. Je voulais être en elle comme jamais je ne l’aurais cru possible.

    J’ai réussi à m’écarter le souffle court. Je ne devais pas passer ce stade, pour Lize, pour son avenir. J’en avais tellement envie mais il nous faudra attendre après mon anniversaire.

    -          - Je crois qu’il vaudrait mieux que l’on arrête là ma princesse, lui chuchotais-je.

    Elle n’en avait pas plus envie que moi. Nous avions goûté à ces désirs et nous ne voulions pas que ça s’arrête. Elle continuait à m’embrasser, j’étais à deux doigts de flancher mais elle savait que j’avais raison. Nous sommes restés blottis l’un contre l’autre le temps de retrouver notre calme. Je lui caressais les cheveux pour l’apaiser comme souvent maintenant.

    -          - Tu ne peux pas t’imaginer tout le bonheur que ça me donne d’être avec toi ma princesse.

    -          - Je n’aurais jamais pensé être amoureuse. Tu sais c’est tout nouveau pour moi. Je n’ai jamais été avec un garçon. Je n’ai jamais…

    -          - Chut ! Je le sais…

    Bien sûr que j’étais au courant. Si elle savait ce que je pouvais ressentir lorsque j’entendais son cœur battre à toute vitesse, son souffle contre moi, ses pensées lorsque l’on s’embrassait.

    J’ai pris sur moi et j’ai repris notre conversation sur les ombres. J’avais encore certaines choses à lui apprendre. Je lui ai expliqué que lorsque j’ai rêvé d’elle la nuit de mes 17 ans, j’ai été troublé. Je ne connaissais pas ce visage, cette fille ne faisait pas partie de mon peuple. Jusqu’à présent j’avais vécu une enfance et une adolescence plein d’amour, de joie et d’amusement. J’étais déjà avec mes trois amis inséparables. Tout le monde disait qu’un jour je me marierais avec Evguénia mais pour moi c’était impossible, je la considérais comme ma petite sœur. Ma mère m’avait dit qu’un jour je trouverais celle qui me serait destinée, que je le saurais au premier regard. Alors quand nuit après nuit j’ai vu cette belle jeune fille, j’ai fini par en parler à ma mère. C’est là qu’elle me parla pour la première fois de mon père et de la prédiction. Cette vérité me faisait peur, je ne voulais pas faire le mal, je ne voulais pas suivre ce démon que je ne connaissais pas sous prétexte que c’était mon père. Ma mère m’avoua ce qu’elle avait fait grâce à la magie pour me donner une chance qui la prémonition ne se fasse pas mais elle comportait quelques risques. Le premier que la jeune fille ne tombe pas amoureuse de moi, le deuxième c’est qu’elle serait en grand danger et donc qu’elle pourrait mourir. Le troisième était lier à la précédente car il y a encore une chose qui peut faire mourir un elfe c’est un très grand chagrin d’amour.

    Je l’ai regardé histoire de juger ses réactions. Je savais que c’était dur pour elle de croire à tout ce que je venais de lui apprendre. Elle se demandait si elle rêvait. J’étais tellement triste je voulais tellement qu’elle me croit.

    -          - Comment m’as-tu trouvé ? me demanda-t-elle.

    -          - Par la magie. J’ai prononcé une formule pour me montrer où tu étais. Et je t’ai vu dans ce camp d’été. Tout était très clair, le pays, la ville,… Mon oncle a tenu à m’accompagner car je ne pouvais pas débarquer comme ça dans votre monde, surtout à 17 ans. Je ne savais toujours pas comment tu t’appelais. Lorsque je suis descendu de la voiture, j’ai ressenti quelque chose. J’ai su que c’était toi qui me regardais.

    -          - Pourquoi n’as-tu pas essayé de faire connaissance avec moi ?

    -          - Mais je l’ai fait en te faisant venir à moi grâce à cette mélodie. Si tu étais bien celle qui m’était destinée, tu devrais entendre cette musique car elle te représente. Je ne voulais pas te brusquer, comme je te l’ai déjà dit c’est toi qui devais vouloir me parler, me rencontrer. Je ne devais pas forcer ta destinée.

    -          - Et ensuite ?

    -          - Ensuite mon oncle a fait des recherches pour savoir où tu habitais, il a acheté une maison. Je suis reparti chez moi. Ma mère ne voulait pas que je sois sans défense, elle voulait m’envoyer une partie de ses gardes. Mais je voulais me fondre dans votre monde alors j’ai proposé la présence d’Edwald, Soren et Evguénia.

    -          - J’ai rêvé de toi chaque nuit à mon retour du camp. Je ne comprenais pas.

    -          - Je sais. Je voyais tes rêves nuit après nuit.

    -          - Quoi ? Mais…. Me dit-elle rougissante.

    -          - D’ailleurs je te couvrais de baisers et …

    -          - Stop ! S’il te plait !

    Je n’ai pas pu m’empêcher de rire en la voyant aussi mal à l’aise. J’en avais besoin pour faire disparaître ma tristesse de tout à l’heure. C’était ça avec Lize, je n’arrêtais pas d’être à la fois triste et heureux.

    -          - Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ?

    -          - Ne t’inquiètes pas ma princesse, je te protègerai.

    -          - Mais je ne peux pas vivre comme cela tout le temps. Regarder toujours derrière soi, paniquer au moindre bruit ou au moindre silence. Y’a-t-il une solution ?

    -          - Tenir bon jusqu’à mes 18 ans.

    -          - Et c’est quand ?

    -          - Au mois de juin.

    -          - Six mois ? Tant que ça.

    -          - Je suis désolée ma princesse. Mais tu peux aussi me quitter, ne plus vouloir me voir.

    -          - Non ! Ne me dis pas ça. Je ne peux plus être sans toi. Je t’aime et tu n’y changeras rien. Nous allons trouver une solution ensemble. Je tiendrais bon je te le jure.

    Je réfléchissais à nos dernières paroles. Elle avait trouvé que 6 mois étaient longs alors que moi je trouvais que c’était si court le temps qu’il me restait pour être auprès d’elle. Elle ne peut plus être loin de moi comme moi d’elle. Je voudrais tellement qu’il existe une solution, quelque chose de concret car là nous sommes tous un peu dans le brouillard.

    Est-ce que Lize tiendra jusqu’au mois de juin ? Elle le croit et ça me rappelait les mots d’Aldaron qui disaient qu’elle était plus forte que nous le pensions.

     


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    CHAPITRE 14

     

    J’ai eu la force de m’éclipser jusqu’à ma chambre avec Lize dans mes bras.

    Cela faisait déjà un moment qu’elle était évanouie et je commençais à m’impatienter. Etait-ce normal ? J’ai appelé Aldaron pour lui expliquer ce qui c’était passé.

    -          - Nous y sommes, elle est en danger Maximilien.

    -          - Mais pourquoi ? Pourquoi lui vouloir du mal.

    -          - Vous êtes plus proche de jour en jour et les espions de ton père ont dû lui faire rapport sur la situation.

    -          - Son état n’est pas normal. Il faudrait peut-être l’emmener dans un hôpital ?

    -          - Non, ce n’est pas la peine, elle n’a aucune blessure. Elle est juste en état de choc.

    Je me retournais vers elle.

    -          - Lize ? Je t’en supplie réveille-toi ma princesse.

    Je sentais qu’elle m’entendait, elle avait repris des couleurs. Je lui ai caressé le visage. Je ne pouvais m’empêcher de lui déposer de doux baisers sur son front.

    Aldaron regardait par la fenêtre l’air songeur.

    -          - Elle va bien, ne t’inquiètes pas pour elle, elle est plus forte que nous le pensions.

    Je suis resté seul avec Lize pendant un moment attendant l’instant où elle ouvrirait les yeux. Je lui tenais la main pour qu’elle sache que j’étais là avec elle quand elle reprendrait connaissance.

    Ce qu’elle a fait quelques instants plus tard. Je suis rapproché d’elle pour qu’elle puisse me voir. J’étais tellement triste de ce qui lui était arrivée mais j’ai réussi à lui sourire, j’étais tellement soulagé.

    -          - Oh Lize ! Tu m’as fait une telle peur !

    -          - Où je suis ? Tu m’as ramené chez moi ?

    -          - Non. Tu es dans ma maison, dans ma chambre.

    -          - Comment ta chambre ?

    -          - Chut ! Ne t’énerve pas ! Je ne savais pas où t’emmener, il fallait te mettre rapidement en sécurité.

    Elle s’est assise péniblement encore affaiblie par son évanouissement. Elle jetait un œil à la chambre comme pour se rappeler des moindres détails. Je sentais que la pièce l’apaisait, sans doute à cause des couleurs claires que j’avais choisi. Elle s’est tournée vers moi, des larmes coulaient sur ses joues. Je l’ai prise dans mes bras et je lui ai caressé longuement ses cheveux si doux, si soyeux. J’ai descendu ma main délicatement le long de sa colonne vertébrale. Elle s’est mise à frissonner et je sentais que ce n’était pas à cause du froid. Elle a levé la tête vers moi et comme attiré par ses lèvres je l’ai embrassé avec beaucoup d’ardeur et de fougue. C’était beaucoup plus intense que la première fois. Je n’ai pas pu résister à l’envie de l’embrasser dans le cou. Mon cœur avait des ailes lorsque j’ai senti que mes baisers lui procuraient quelques petits sursauts de plaisir.

    -          - Je t’aime, ma princesse, lui dis-je dans un souffle à l’oreille.

    J’avais vraiment ressenti le besoin de le lui dire. Elle me repoussa légèrement essayant de s’écarter doucement de mon étreinte. L’avais-je blessé ? Elle cherchait mon regard. Peut-être ne croyait-elle pas à mes paroles ? Je ne voulais pas qu’elle doute de ma sincérité. J’ai cherché à accaparer son regard afin qu’elle remarque tout l’amour que j’avais pour elle et qui se lisait dans mes yeux.

    -          - Je t’aime Lize.

    Elle continuait à me fixer, son cœur battait si fort.

    -          - Je t’aime aussi.

    En entendant ces simples mots, mon visage s’est éclairé, à cet instant j’oubliais les ombres, mon père, le danger, j’étais heureux et elle le sentait.

    -          - Tu peux m’expliquer comment je suis arrivée ici ?

    -          - Tu t’es évanouie dans mes bras et je t’ai transporté jusqu’ici. Nous sommes chez mon oncle Aldaron. J’habite ici avec Edward, Soren et Evguénia.

    -          - Tes parents ?

    -          - Ma mère est restée chez nous, elle avait des obligations et mon père je ne l’ai jamais vu.

    -          - Je suis désolée.

    -          - Ce n’est rien.

    Elle avait envie de parler. Elle était calme mais déterminée à me poser certaines questions.

    -          - C’est toi la lumière qui fait disparaître les ombres ?

    Nous étions sur le chemin de la vérité. Il me fallait répondre.

    -          - Oui. Mais je ne suis pas arrivé assez vite. J’ai failli te perdre.

    -          - Comment pouvais-tu savoir que j’étais en danger ?

    -          - Je ressens tes humeurs comme la joie, la tristesse, la peur. Mais je savais que tu avais besoin d’être un peu tranquille ce matin. Tu avais tellement mal, tu étais tellement triste. J’aurais voulu être à tes côtés mais tu devais surmonter la perte de ton ami seule.

    -          - Comment tu sais que j’ai perdu JD ?

    -          - J’entends très bien les conversations mais jusqu’à une certaine distance. Je suis désolé de t’avoir suivi.

    -          - On en reparlera plus tard. Continue.

    Jusqu’à présent elle prenait assez bien les choses.

    -          - Donc j’ai pensé que tu étais partie chez toi, que tu voulais restée seul, tu étais tellement triste. Je n’arrivais pas à me concentrer. Lorsque j’ai ressenti ta peur je me suis précipité jusqu’au parc en espérant qu’il ne soit pas trop tard.

    -          - Mais je suis là, c’est ce qui compte. Est-ce que tu es un être magique comme ta boite à musique ?

    Je la regardais, je voulais voir sa réaction au moment où je lui dirais ce que je suis.

    -          - Oui. On peut dire ça comme ça. Je suis plus exactement un elfe. On nous appelle aussi Huldufolk ou peuple caché. Ma mère est la reine de ce peuple, elle s’appelle Célébrian.

    Elle était sceptique. Son esprit vagabondait entre réalité et fiction.

    -          - Un elfe ? Mais ce n’est pas possible. Tu te moques de moi ?

    -          - Tu sais que je te dis la vérité. Tu te le caches mais tu le sais depuis notre rencontre l’été dernier.

    -          - En parlant de l’été dernier est-ce que tu peux tout m’expliquer depuis le début ?

    J’étais rassurée de sa réaction. J’avais besoin d’être un peu mieux installé, je me suis allongé près d’elle. J’avais besoin de la sentir contre moi pour lui expliquer. J’ai tendu les bras afin qu’elle vienne se blottir contre mon torse.

    -          - Je t’ai dit tout à l’heure que je n’avais jamais vu mon père. C’est vrai, cependant je sais qui il est. C’est un démon qui a réussi à séduire ma mère pendant un moment de faiblesse. Je suis donc mi-elfe mi-démon. Mon père veut me forcer à devenir comme lui le jour de mes 18 ans. La seule chose qui peut empêcher cela c’est que je tombe éperdument amoureux d’une humaine. Ce qui est très rare pour notre peuple. Cela n’arrive qu’à quelques élus. Seulement je ne peux pas faire semblant. Il faut que l’amour soit réel et dans les deux sens. Je sais que c’est elle car elle doit m’apparaître en rêve. Et le jour de mes 17 ans c’est toi qui m’est apparu nuit après nuit alors que nous n’avions aucun espoir que je sois l’un des élus. Il fallait que je te trouve, et voilà comment je suis arrivé dans ce camp de vacances. C’est également pour cela que les ombres veulent te tuer. Elles sont envoyées par mon père car tu es le seul obstacle entre lui et moi.

    -          - Est-ce que tu as utilisé la magie pour me séduire ?

    -          - Non ! Je te l’ai dit notre amour doit être sincère.

    Je gardais le silence. Croyait-elle à cette histoire ? Il fallait que je lui laisse du temps.

    -          - Il se fait tard et tes parents vont s’inquiéter de ne pas te voir rentrer.

    Elle restait blottie contre moi. Je sentais qu’elle ne voulait pas partir ce qui me rassurait. Lire dans ses pensées devenait de plus en plus facile. Elle savait qu’elle devait rentrer pour expliquer à ses parents pourquoi elle n’avait pas été au lycée aujourd’hui.

    Nous nous sommes dirigés vers le salon où se trouvaient Edwald, Soren et Evguénia. J’étais gêné de les voir regarder Lize, ils se demandaient sûrement si maintenant elle savait ce que nous étions. Edwald et Soren lui souriaient, je pense qu’ils aimaient déjà beaucoup Lize. Evguénia lui jetait des regards noirs et je sentais le mal être de celle que j’aimais.

    Soren s’approcha.

    -          - Je suis content que tu ailles mieux.

    -          - Merci c’est gentil.

    -          - Tiens, tiens, notre invitée s’est enfin réveillée.

    Elle s’est retournée brusquement. Aldaron venait d’entrer dans la pièce. C’est vrai elle ne le connaissait pas encore.

    -          - Et je vois que vous avez repris des couleurs. Je suis l’oncle de Maximilien. Bienvenue dans cette maison.

    -          - Merci, lui dit-elle. Je suis désolée pour les problèmes que je vous occasionne.

    Sa voix était tremblante mais elle essayait de le cacher.

    -          - Ne vous inquiétez pas pour ça ! Mais il serait plus judicieux que tu la raccompagnes avec la voiture, me dit-il en dirigeant son regard vers moi.

    Je lui fis un signe de tête et j’ai entrainé Lize vers l’extérieur. Elle ne disait pas un mot et dans la voiture elle regardait l’horizon. Je savais qu’elle se posait encore des questions. Elle avait reconnu mon oncle puisque c’est avec lui que je suis arrivé au camp de vacances. Pour l’instant son esprit se battait entre le rêve et la réalité.

    -          - Pourquoi est-il judicieux que tu prennes la voiture ? me dit-elle tout d’un coup.

    -          - J’ai quelques pouvoirs. Je peux te transporter où tu veux en un éclair. Cependant nous ne devons pas nous faire remarquer par les gens normaux.

    -          - Mais tu as utilisé ce moyen pour m’emmener chez toi ?

    -          - Le parc était désert et puis nous pouvons faire apparaître un épais brouillard. Ce qui nous facilite les choses.

    J’ai arrêté la voiture. Nous étions déjà arrivés devant chez elle. Je me suis penché pour lui donner un léger baiser et elle a ouvert la portière.

    -          - Lize, je te vois demain ?

    -          - Bien sûr. Il faut bien que je retourne en cours.

    -          - Téléphone à Tess. Elle s’est inquiétée toute la journée. Et elle t’a envoyé une tonne de message. Je viendrais vous prendre ici-même. Enfin si tu veux toujours de moi.

    Je sentais dans ma voix de la tristesse qu’elle a ressenti elle aussi. Elle m’a alors déposé un baiser sur mes lèvres.

    -          - Bien sûr que je veux encore te voir. Je t’aime !

    -          - Je t’avais dit que la vérité pourrait t’éloigner de moi. Pour l’instant tu es encore en état de choc mais demain tu prendras conscience de ce que je suis et ….

    -          - Et rien ! Je sais ce que tu es maintenant. Je ne vais pas te mentir ça me fait peur et j’ai encore beaucoup de questions à te poser mais mes sentiments sont réels et tu avais raison ils sont réels depuis un bon moment.

    Je l’ai regardé franchir la porte de sa maison. J’étais encore sur le coup de ce qu’elle m’avait dit. Je voulais espérer qu’elle m’aimerait encore demain. Je la savais sincère mais je ne pouvais pas lui demander de tout comprendre et de tout accepter sans lui laisser une nuit de réflexion. J’avais tellement peur qu’elle me fuit.

    J’ai roulé un moment avant de rentrer. Je trouvais ça très agréable de rouler la nuit. Il n’y avait pratiquement plus personne. Tout le monde était rentré dans la chaleur de leur foyer après leur travail, pressé de voir leur femme, leurs enfants. J’ai pris conscience que j’avais pris le chemin de chez moi lorsque les hauts murs de la demeure me sont apparus.

    J’allais dans la cuisine, les autres avaient déjà pris leur repas. Je me suis fait une assiette rapide avec ce que je trouvais dans le réfrigérateur. Aldaron m’avait entendu rentrer car il est venu me rejoindre. Nous nous sommes installés à la table.

    -          - Tu lui as dit qui tu étais ?

    -          - Oui.

    -          - Quelle a été sa réaction ?

    -          - Elle a encore un peu de mal à y croire. Elle se pose des questions.

    -          - Mais ses sentiments envers toi sont-ils les mêmes que ceux que tu lui portes ?

    -          - Je le crois oui. Je ne veux pas te paraître irrespectueux mais les détails de ma vie sentimentale ne te regarde  pas.

    -          - Je suis désolé Maximilien. Je ne voulais pas te manquer de respect et tu as le droit de garder cela pour toi. Mais mon but est de te protéger. J’ai le droit de savoir si notre avenir est menacé ou pas.

    -          - Ce n’est pas une mission, mon amour pour Lize est réel et sincère. Je ne veux pas que vous en doutiez.

    Je me suis retiré dans ma chambre. J’ai été élevé comme un humain, je ne pouvais pas toujours demander à mon entourage de me comprendre surtout pour des êtres surnaturels mais ce que m’avait dit Aldaron m’avait blessé. Il croit quoi ? Que je vais utiliser Lize pour me sauver la mise et ensuite au revoir, merci pour tout, je retourne dans mon monde.

    Lize était importante pour moi. La voir faisait chavirer mon cœur. La voir rougir me faisait craquer. L’embrasser, sentir son désir monté en elle, me transportait vers de nouvelles sensations.

    L’aimer n’était-il pas dangereux ? La réponse était évidente surtout lorsque je pense à mon père.

    Et puis cette journée. Elle a perdu son meilleur ami, à cause de nous, à cause de moi. Mais je crois que ça en vaut la peine. Je suis heureux d’avoir rencontré quelqu’un comme elle.

    Son odeur planait encore dans ma chambre, être allongé là avec elle blottie dans mes bras m’avait comblé. Elle savait enfin qui j’étais. Demain je saurais si elle veut toujours de moi, je ne veux pas la perdre. Je ressentais ses sentiments, elle ne voulait pas me perdre, c’était plutôt une bonne nouvelle et elle voulait que je sois près d’elle. Si elle savait que moi aussi j’aimerais être dans sa chambre, passer mes nuits dans ses draps. Reprends-toi Maximilien.

    Je pris mon bloc et mon crayon pour lui écrire un message.

    Je suis toujours là avec toi, ma princesse.

    Tant pis si elle va se poser des questions. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Il fallait que je lui fasse comprendre que mes émotions étaient les mêmes que pour elle.

    Elle s’était endormie paisiblement au son de sa musique.

     


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    CHAPITRE  13

     

    Lorsque je suis allé dans la cuisine pour prendre mon petit déjeuner je n’ai trouvé que Soren.

    -          - Où sont les autres ?

    -          - Aldaron est dans son bureau. Edwald et Evguénia sont déjà partis, ils vont nous rejoindre au lycée.

    -          - Mais je ne dois pas aller chercher Lize ce matin.

    -          - C’est pas grave. Tu peux te dépêcher parce que vu l’heure on va être en retard. Et en général tu aimes arriver avant elle.

    -          - Je me dépêche. Je te rejoins dans la voiture.

    Quinze minutes plus tard je démarrais en direction du lycée. J’avais le cœur léger. Soren souriait.

    -          - Oh ! ça va ! Arrête de te moquer.

    -          - Non, je ne me moque pas ! Mais te voir comme ça c’est assez nouveau. Je t’envie même.

    -          - Tu m’envie ?

    -          - D’être aussi heureux, oui.

    -          - Mais tu sais que ce bonheur sera de courte durée. A cause de mon père je pourrais bientôt ne plus être heureux avec Lize, avec vous, avec ma mère.

    -          - Tu n’as pas un peu d’espoir maintenant ?

    -          - Si mais ce n’est pas de l’espoir , c’est l’envie de me battre pour pouvoir rester auprès d’elle.

    -          - Est-ce qu’elle sait ce que tu es ?

    -          - Non pas encore. Elle se doute de quelque chose. Elle se pose beaucoup de questions.

    Nous arrivions déjà sur le parking du lycée. Nous sommes allés un peu plus loin à un endroit où je pourrais la voir arriver. Je sentais qu’elle était toute proche. Je la vis enfin, elle cherchait quelque chose, elle me cherchait. Nos regards se sont enfin croisés et elle s’est dirigée vers moi. Je l’ai embrassé légèrement. Tess s’est mis à pousser de petits rires. Il va falloir un jour qu’on m’explique certaines réactions des jeunes filles humaines. Nos mains se sont jointes pour nous diriger vers les salles de cours. Au loin j’ai aperçu leur ami JD. Ça va être un choc pour lui lorsqu’il saura pour moi et Lize. Et j’ai vu son regard se poser sur nos mains jointes, son visage a changé d’expressions, il y avait beaucoup de colère. Je savais que Lize avait vu ces changements. Il a subitement fait demi-tour et il est parti brusquement. Je ressentais les sentiments de Lize, toute cette tristesse en elle.

    En me regardant elle sentit que j’avais les mêmes pensées qu’elle à cet instant.

    -          - Va, cours, rejoins-le. Il faut que tu lui parles.

    -          - Merci, me dit-elle en m’embrassant. Tess tu peux me couvrir si je ne suis pas en cours ?

    -          - Oui mais….

    -          - Non il faut que je vois JD seule.

    Je savais que c’était la seule chose à faire lorsque je l’ai vu s’éloigner. Elle devait le voir seule. Il fallait qu’elle lui explique comme je l’avais fait moi-même il y a quelque temps pour Evguénia.

    Mais il fallait que je sois près d’elle au cas où. Il fallait que je sache si tout se passerait bien.

    Je suis allé dans leur direction, vers le gymnase. Il était installé sur les gradins et Lize l’a rejoint.

    J’avais honte d’écouter leur conversation. On aurait pu croire à ce moment que c’était plutôt moi qui était jaloux, jaloux de ce garçon. Je savais qu’il était important pour elle, que c’était son ami. Mais je savais par expérience que la jalousie pouvait faire dire aux gens des choses méchantes et blessante.

    Je n’arrivais as à croire tout ce qu’il pouvait lui dire. Il me voyait comme ça arrogant et prétencieux. Je pense que oui. J’ai du mal à me lâcher, toujours l’impression que je dois tenir mon rang de prince. Alors dans ce monde je peux paraître comme ça. Mais ce n’est pas moi. Il lui a dit qu’il était amoureux d’elle. C’est bizarre comme l’histoire de Lize ressemble à la mienne.

    Il lui parlait maintenant avec tellement de haine que j’ai failli faire irruption pour lui mettre mon poing dans la figure. Je ressentais la peine de Lize, elle pleurait, j’avais mal. Il fallait que je reste caché. Lorsque j’ai regardé encore une fois il partait. Lize pleurait à chaudes larmes. Je voulais la consoler mais il fallait qu’elle affronte cela seule. C’était important pour elle, pour nous.

    Je l’ai vu s’éloigner, elle ne voulait pas qu’on la voit comme ça. Je ne me sentais pas le cœur à reprendre les cours mais il le fallait. Lize prenait le chemin de sa maison. Je lui enverrais un message ce soir pour savoir si elle allait bien. Ses pensées n’étaient que chagrin, tristesse et incompréhension.

    Tess était inquiète elle n’avait toujours pas de nouvelles de Lize. Mes amis se doutaient qu’il s’était passé quelque chose mais je n’avais pas à leur dire les détails et puis devant Tess c’était un peu compliqué.

    Tout d’un coup je me suis retrouvé encore une fois à genoux sur le parking du lycée alors que j’allais monter dans la voiture. Heureusement la plupart des élèves étaient déjà partis.

    Je n’ai pas cherché à être prudent je me suis mis à l’écart afin de pouvoir m’éclipser. Lize était en danger. Pourquoi était-elle au parc ? Je la croyais en sécurité chez elle.

    Non ce n’était pas possible cette fois on était en train de lui faire du mal, les ombres l’attaquaient. Je ressentais tout ce qu’ils pouvaient lui faire subir. Je ressentais sa peur. Elle savait qu’elle allait mourir et pris son courage à deux mains pour affronter les ombres.

    Non ! Je ne le tolèrerais pas.

    J’étais en colère. J’avais peur de la perdre. Ma lumière était de plus en plus puissante. Je repoussais les ombres et en même temps je prononçais des mots dans ma langue pour appeler à moi le vent afin qu’il m’aide à étendre mon halo de lumière le plus loin possible. J’ai réussi enfin à les faire disparaître. Lize il fallait que j’aille la retrouver, il fallait que je la prenne dans mes bras, voir si elle n’était pas blessée. Elle était là debout. Plus j’avançais et plus je distinguais sa silhouette.

    Je lui tendis les bras, elle avança vers moi en titubant. Elle n’avait plus de force. Je réussis à la rattraper au moment où elle s’évanouissait.


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