• Chapitre 14

     

    CHAPITRE 14

     

    J’ai eu la force de m’éclipser jusqu’à ma chambre avec Lize dans mes bras.

    Cela faisait déjà un moment qu’elle était évanouie et je commençais à m’impatienter. Etait-ce normal ? J’ai appelé Aldaron pour lui expliquer ce qui c’était passé.

    -          - Nous y sommes, elle est en danger Maximilien.

    -          - Mais pourquoi ? Pourquoi lui vouloir du mal.

    -          - Vous êtes plus proche de jour en jour et les espions de ton père ont dû lui faire rapport sur la situation.

    -          - Son état n’est pas normal. Il faudrait peut-être l’emmener dans un hôpital ?

    -          - Non, ce n’est pas la peine, elle n’a aucune blessure. Elle est juste en état de choc.

    Je me retournais vers elle.

    -          - Lize ? Je t’en supplie réveille-toi ma princesse.

    Je sentais qu’elle m’entendait, elle avait repris des couleurs. Je lui ai caressé le visage. Je ne pouvais m’empêcher de lui déposer de doux baisers sur son front.

    Aldaron regardait par la fenêtre l’air songeur.

    -          - Elle va bien, ne t’inquiètes pas pour elle, elle est plus forte que nous le pensions.

    Je suis resté seul avec Lize pendant un moment attendant l’instant où elle ouvrirait les yeux. Je lui tenais la main pour qu’elle sache que j’étais là avec elle quand elle reprendrait connaissance.

    Ce qu’elle a fait quelques instants plus tard. Je suis rapproché d’elle pour qu’elle puisse me voir. J’étais tellement triste de ce qui lui était arrivée mais j’ai réussi à lui sourire, j’étais tellement soulagé.

    -          - Oh Lize ! Tu m’as fait une telle peur !

    -          - Où je suis ? Tu m’as ramené chez moi ?

    -          - Non. Tu es dans ma maison, dans ma chambre.

    -          - Comment ta chambre ?

    -          - Chut ! Ne t’énerve pas ! Je ne savais pas où t’emmener, il fallait te mettre rapidement en sécurité.

    Elle s’est assise péniblement encore affaiblie par son évanouissement. Elle jetait un œil à la chambre comme pour se rappeler des moindres détails. Je sentais que la pièce l’apaisait, sans doute à cause des couleurs claires que j’avais choisi. Elle s’est tournée vers moi, des larmes coulaient sur ses joues. Je l’ai prise dans mes bras et je lui ai caressé longuement ses cheveux si doux, si soyeux. J’ai descendu ma main délicatement le long de sa colonne vertébrale. Elle s’est mise à frissonner et je sentais que ce n’était pas à cause du froid. Elle a levé la tête vers moi et comme attiré par ses lèvres je l’ai embrassé avec beaucoup d’ardeur et de fougue. C’était beaucoup plus intense que la première fois. Je n’ai pas pu résister à l’envie de l’embrasser dans le cou. Mon cœur avait des ailes lorsque j’ai senti que mes baisers lui procuraient quelques petits sursauts de plaisir.

    -          - Je t’aime, ma princesse, lui dis-je dans un souffle à l’oreille.

    J’avais vraiment ressenti le besoin de le lui dire. Elle me repoussa légèrement essayant de s’écarter doucement de mon étreinte. L’avais-je blessé ? Elle cherchait mon regard. Peut-être ne croyait-elle pas à mes paroles ? Je ne voulais pas qu’elle doute de ma sincérité. J’ai cherché à accaparer son regard afin qu’elle remarque tout l’amour que j’avais pour elle et qui se lisait dans mes yeux.

    -          - Je t’aime Lize.

    Elle continuait à me fixer, son cœur battait si fort.

    -          - Je t’aime aussi.

    En entendant ces simples mots, mon visage s’est éclairé, à cet instant j’oubliais les ombres, mon père, le danger, j’étais heureux et elle le sentait.

    -          - Tu peux m’expliquer comment je suis arrivée ici ?

    -          - Tu t’es évanouie dans mes bras et je t’ai transporté jusqu’ici. Nous sommes chez mon oncle Aldaron. J’habite ici avec Edward, Soren et Evguénia.

    -          - Tes parents ?

    -          - Ma mère est restée chez nous, elle avait des obligations et mon père je ne l’ai jamais vu.

    -          - Je suis désolée.

    -          - Ce n’est rien.

    Elle avait envie de parler. Elle était calme mais déterminée à me poser certaines questions.

    -          - C’est toi la lumière qui fait disparaître les ombres ?

    Nous étions sur le chemin de la vérité. Il me fallait répondre.

    -          - Oui. Mais je ne suis pas arrivé assez vite. J’ai failli te perdre.

    -          - Comment pouvais-tu savoir que j’étais en danger ?

    -          - Je ressens tes humeurs comme la joie, la tristesse, la peur. Mais je savais que tu avais besoin d’être un peu tranquille ce matin. Tu avais tellement mal, tu étais tellement triste. J’aurais voulu être à tes côtés mais tu devais surmonter la perte de ton ami seule.

    -          - Comment tu sais que j’ai perdu JD ?

    -          - J’entends très bien les conversations mais jusqu’à une certaine distance. Je suis désolé de t’avoir suivi.

    -          - On en reparlera plus tard. Continue.

    Jusqu’à présent elle prenait assez bien les choses.

    -          - Donc j’ai pensé que tu étais partie chez toi, que tu voulais restée seul, tu étais tellement triste. Je n’arrivais pas à me concentrer. Lorsque j’ai ressenti ta peur je me suis précipité jusqu’au parc en espérant qu’il ne soit pas trop tard.

    -          - Mais je suis là, c’est ce qui compte. Est-ce que tu es un être magique comme ta boite à musique ?

    Je la regardais, je voulais voir sa réaction au moment où je lui dirais ce que je suis.

    -          - Oui. On peut dire ça comme ça. Je suis plus exactement un elfe. On nous appelle aussi Huldufolk ou peuple caché. Ma mère est la reine de ce peuple, elle s’appelle Célébrian.

    Elle était sceptique. Son esprit vagabondait entre réalité et fiction.

    -          - Un elfe ? Mais ce n’est pas possible. Tu te moques de moi ?

    -          - Tu sais que je te dis la vérité. Tu te le caches mais tu le sais depuis notre rencontre l’été dernier.

    -          - En parlant de l’été dernier est-ce que tu peux tout m’expliquer depuis le début ?

    J’étais rassurée de sa réaction. J’avais besoin d’être un peu mieux installé, je me suis allongé près d’elle. J’avais besoin de la sentir contre moi pour lui expliquer. J’ai tendu les bras afin qu’elle vienne se blottir contre mon torse.

    -          - Je t’ai dit tout à l’heure que je n’avais jamais vu mon père. C’est vrai, cependant je sais qui il est. C’est un démon qui a réussi à séduire ma mère pendant un moment de faiblesse. Je suis donc mi-elfe mi-démon. Mon père veut me forcer à devenir comme lui le jour de mes 18 ans. La seule chose qui peut empêcher cela c’est que je tombe éperdument amoureux d’une humaine. Ce qui est très rare pour notre peuple. Cela n’arrive qu’à quelques élus. Seulement je ne peux pas faire semblant. Il faut que l’amour soit réel et dans les deux sens. Je sais que c’est elle car elle doit m’apparaître en rêve. Et le jour de mes 17 ans c’est toi qui m’est apparu nuit après nuit alors que nous n’avions aucun espoir que je sois l’un des élus. Il fallait que je te trouve, et voilà comment je suis arrivé dans ce camp de vacances. C’est également pour cela que les ombres veulent te tuer. Elles sont envoyées par mon père car tu es le seul obstacle entre lui et moi.

    -          - Est-ce que tu as utilisé la magie pour me séduire ?

    -          - Non ! Je te l’ai dit notre amour doit être sincère.

    Je gardais le silence. Croyait-elle à cette histoire ? Il fallait que je lui laisse du temps.

    -          - Il se fait tard et tes parents vont s’inquiéter de ne pas te voir rentrer.

    Elle restait blottie contre moi. Je sentais qu’elle ne voulait pas partir ce qui me rassurait. Lire dans ses pensées devenait de plus en plus facile. Elle savait qu’elle devait rentrer pour expliquer à ses parents pourquoi elle n’avait pas été au lycée aujourd’hui.

    Nous nous sommes dirigés vers le salon où se trouvaient Edwald, Soren et Evguénia. J’étais gêné de les voir regarder Lize, ils se demandaient sûrement si maintenant elle savait ce que nous étions. Edwald et Soren lui souriaient, je pense qu’ils aimaient déjà beaucoup Lize. Evguénia lui jetait des regards noirs et je sentais le mal être de celle que j’aimais.

    Soren s’approcha.

    -          - Je suis content que tu ailles mieux.

    -          - Merci c’est gentil.

    -          - Tiens, tiens, notre invitée s’est enfin réveillée.

    Elle s’est retournée brusquement. Aldaron venait d’entrer dans la pièce. C’est vrai elle ne le connaissait pas encore.

    -          - Et je vois que vous avez repris des couleurs. Je suis l’oncle de Maximilien. Bienvenue dans cette maison.

    -          - Merci, lui dit-elle. Je suis désolée pour les problèmes que je vous occasionne.

    Sa voix était tremblante mais elle essayait de le cacher.

    -          - Ne vous inquiétez pas pour ça ! Mais il serait plus judicieux que tu la raccompagnes avec la voiture, me dit-il en dirigeant son regard vers moi.

    Je lui fis un signe de tête et j’ai entrainé Lize vers l’extérieur. Elle ne disait pas un mot et dans la voiture elle regardait l’horizon. Je savais qu’elle se posait encore des questions. Elle avait reconnu mon oncle puisque c’est avec lui que je suis arrivé au camp de vacances. Pour l’instant son esprit se battait entre le rêve et la réalité.

    -          - Pourquoi est-il judicieux que tu prennes la voiture ? me dit-elle tout d’un coup.

    -          - J’ai quelques pouvoirs. Je peux te transporter où tu veux en un éclair. Cependant nous ne devons pas nous faire remarquer par les gens normaux.

    -          - Mais tu as utilisé ce moyen pour m’emmener chez toi ?

    -          - Le parc était désert et puis nous pouvons faire apparaître un épais brouillard. Ce qui nous facilite les choses.

    J’ai arrêté la voiture. Nous étions déjà arrivés devant chez elle. Je me suis penché pour lui donner un léger baiser et elle a ouvert la portière.

    -          - Lize, je te vois demain ?

    -          - Bien sûr. Il faut bien que je retourne en cours.

    -          - Téléphone à Tess. Elle s’est inquiétée toute la journée. Et elle t’a envoyé une tonne de message. Je viendrais vous prendre ici-même. Enfin si tu veux toujours de moi.

    Je sentais dans ma voix de la tristesse qu’elle a ressenti elle aussi. Elle m’a alors déposé un baiser sur mes lèvres.

    -          - Bien sûr que je veux encore te voir. Je t’aime !

    -          - Je t’avais dit que la vérité pourrait t’éloigner de moi. Pour l’instant tu es encore en état de choc mais demain tu prendras conscience de ce que je suis et ….

    -          - Et rien ! Je sais ce que tu es maintenant. Je ne vais pas te mentir ça me fait peur et j’ai encore beaucoup de questions à te poser mais mes sentiments sont réels et tu avais raison ils sont réels depuis un bon moment.

    Je l’ai regardé franchir la porte de sa maison. J’étais encore sur le coup de ce qu’elle m’avait dit. Je voulais espérer qu’elle m’aimerait encore demain. Je la savais sincère mais je ne pouvais pas lui demander de tout comprendre et de tout accepter sans lui laisser une nuit de réflexion. J’avais tellement peur qu’elle me fuit.

    J’ai roulé un moment avant de rentrer. Je trouvais ça très agréable de rouler la nuit. Il n’y avait pratiquement plus personne. Tout le monde était rentré dans la chaleur de leur foyer après leur travail, pressé de voir leur femme, leurs enfants. J’ai pris conscience que j’avais pris le chemin de chez moi lorsque les hauts murs de la demeure me sont apparus.

    J’allais dans la cuisine, les autres avaient déjà pris leur repas. Je me suis fait une assiette rapide avec ce que je trouvais dans le réfrigérateur. Aldaron m’avait entendu rentrer car il est venu me rejoindre. Nous nous sommes installés à la table.

    -          - Tu lui as dit qui tu étais ?

    -          - Oui.

    -          - Quelle a été sa réaction ?

    -          - Elle a encore un peu de mal à y croire. Elle se pose des questions.

    -          - Mais ses sentiments envers toi sont-ils les mêmes que ceux que tu lui portes ?

    -          - Je le crois oui. Je ne veux pas te paraître irrespectueux mais les détails de ma vie sentimentale ne te regarde  pas.

    -          - Je suis désolé Maximilien. Je ne voulais pas te manquer de respect et tu as le droit de garder cela pour toi. Mais mon but est de te protéger. J’ai le droit de savoir si notre avenir est menacé ou pas.

    -          - Ce n’est pas une mission, mon amour pour Lize est réel et sincère. Je ne veux pas que vous en doutiez.

    Je me suis retiré dans ma chambre. J’ai été élevé comme un humain, je ne pouvais pas toujours demander à mon entourage de me comprendre surtout pour des êtres surnaturels mais ce que m’avait dit Aldaron m’avait blessé. Il croit quoi ? Que je vais utiliser Lize pour me sauver la mise et ensuite au revoir, merci pour tout, je retourne dans mon monde.

    Lize était importante pour moi. La voir faisait chavirer mon cœur. La voir rougir me faisait craquer. L’embrasser, sentir son désir monté en elle, me transportait vers de nouvelles sensations.

    L’aimer n’était-il pas dangereux ? La réponse était évidente surtout lorsque je pense à mon père.

    Et puis cette journée. Elle a perdu son meilleur ami, à cause de nous, à cause de moi. Mais je crois que ça en vaut la peine. Je suis heureux d’avoir rencontré quelqu’un comme elle.

    Son odeur planait encore dans ma chambre, être allongé là avec elle blottie dans mes bras m’avait comblé. Elle savait enfin qui j’étais. Demain je saurais si elle veut toujours de moi, je ne veux pas la perdre. Je ressentais ses sentiments, elle ne voulait pas me perdre, c’était plutôt une bonne nouvelle et elle voulait que je sois près d’elle. Si elle savait que moi aussi j’aimerais être dans sa chambre, passer mes nuits dans ses draps. Reprends-toi Maximilien.

    Je pris mon bloc et mon crayon pour lui écrire un message.

    Je suis toujours là avec toi, ma princesse.

    Tant pis si elle va se poser des questions. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Il fallait que je lui fasse comprendre que mes émotions étaient les mêmes que pour elle.

    Elle s’était endormie paisiblement au son de sa musique.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :