• Chapitre 76

    Soren

    Je sortais dans le jardin, je voulais profiter de la chaleur. Max dormait encore et je ne voulais pas le réveiller, je lui devais bien ça j’avais passé une si belle nuit.

    Au loin j’ai aperçu une silhouette, je ne savais pas si je devais m’approcher. Et pourtant c’est ce que j’étais en train de faire. C’était Soren qui était assis contre un arbre les yeux fermés.

    Je toussais légèrement pour lui faire remarquer ma présence.

    Il a ouvert les yeux et m'a souri.

    -          - Si tu veux je peux repartir ?

    -          - Non. Ce n’est rien. Alors déjà réveillée ? Où est ton prince charmant ?

    -          - Il dort et ta princesse indienne ?

    -          - Elle dort aussi.

    Ce qui nous a fait rire.

    Je me suis installée en face de lui.

    -          - Est-ce que l’on peut se parler comme le font des amis ? lui demandais-je.

    -          - Mais je te considère comme mon amie. Qu’est-ce que tu veux savoir ? Si Max a déjà eu des conquêtes avant toi ?

    -          - Non. Je sais que je suis la seule et unique fille dans son cœur, lui répondis-je avec mon plus beau sourire.

    -          - Des questions sur ton apprentissage ?

    -          - Non. Arrête ! Je sais que tu ne vas pas bien. Je le vois au regard que tu as tous les jours. Max et moi nous nous en sommes rendus compte. Est-ce que ça a un rapport avec Tess ? Tu sais c’est ma meilleure amie. Et puis j’ai vu que tu rendais visite à la grande prêtresse très souvent. Vous comptez beaucoup pour moi et je m’inquiète.

    -          - Ah ! Si tu l’as vu alors Tess doit l’avoir remarqué aussi.

    -          - Non ! Je ne crois pas. Mais je sais qu’elle a très peur de te perdre et elle le cache par son côté je blague et  je m’amuse.

    -          - J’ai très bien compris. Je commence à savoir comment elle fonctionne. Mais moi aussi j’ai peur de la perdre. J’essaie de m’occuper d’elle intensément mais je sais aussi que cela aura de lourdes conséquences si je ne revenais pas. Plus nous passons du temps ensemble et plus nous nous attachons.

    -          - Elle sait qu’il y a des risques, tout comme je sais que pour Max et moi les chances sont minimes pour que nous survivions au 21. Mais ça en vaut la peine. Et je sais aussi qu’il n’y aura jamais personne après lui, je suis prête à donner ma vie pour le sauver.

    -          - Ça t’es facile maintenant que tu sais que tu as certains pouvoirs mais Tess est une simple humaine fragile.

    -          - Tu sais très bien que j’étais prête à me sacrifier pour Max bien avant ça, lorsqu’Evguénia l’avait enfermé dans ce cachot.

    -          - Excuse-moi. Je n’ai pas le droit de te parler ainsi, tu es quelqu’un d’important et je devrais rester à ma place.

    -          - Arrête ! Pour moi tu es mon ami et tu es avec Tess. Le reste je m’en fous. Je te parle avec mon cœur Soren, alors dis-moi ce qui te tracasse.

    -          - Tout me tracasse. La peur de ne pas être encore en vie dans une semaine, la peur de perdre Tess, la peur de perdre Max aussi. Et puis si on s’en sort peur d’être obligé de repartir dans notre monde.

    -          - Il y a quelque chose que je ne m’explique pas. Dans votre monde les elfes aiment différemment, et là je trouve que tes émotions sont à peu près les mêmes que Max.

    -          - C’est un peu pour ça que je suis allé voir la prêtresse, disons une des raisons. Elle m’a expliqué que j’ai appris avec Max. Nous étions inséparables et la plupart du temps toutes les histoires que racontaient la reine je les écoutais avec beaucoup d’attention. Et puis Max nous a considéré tout de suite comme ses amis, enfin votre idée de l’amitié. Puisqu’il était élevé comme un humain forcément ça avait des conséquences sur son entourage.

    -          - Et qu’elle est l’autre raison pour laquelle tu as été voir la prêtresse ?

    -          - Si je m’en sors je lui ai demandé une faveur, de vieillir.

    -          - Quoi ?

    -          - Je sais que Tess ne sera jamais une immortelle, alors je veux vieillir au même rythme qu’elle. Si ma demande est acceptée je pourrais rester dans ce monde à la condition de rester discret.

    -          - Mais… tu auras ta réponse quand ?

    -          - Après l’anniversaire de Max. Mais s’il te plait ne dis rien à Tess.

    -          - Je te le promets.

    Il se leva et s’éloigna vers la maison. J’étais tellement triste pour lui. Je ne comprenais pas ses choix, du moins pas complètement. Je comprenais qu’il était prêt à ne plus être immortel par amour pour une humaine. Toute notre histoire a entrainé des conséquences autour de nous et une nouvelle ère dans l’autre monde.

    -          - Bonjour ma princesse.

    -          - Bonjour beau prince. Bien dormi ?

    -          - A merveille sauf que j’ai tout de suite senti ton absence. Et j’ai vu que tu te dirigeais vers Soren alors je vous ai laissé discuter. Drôle d’histoire hein ?

    -          - Tu as écouté ?

    -          - Non tes pensées étaient assez explicites.

    -          - Un elfe peut demander à vieillir ?

    -          - Oui. Mais jusqu’à présent ça n’était jamais arrivé.

    -          - Tu aurais pu le faire pour moi ?

    -          - Je l’avais déjà prévu, j’en avais parlé à ma mère. Dès que j’ai su pour nous, dès que je t’ai vu, cette idée m’ait paru comme une évidence. Je ne voulais plus jamais te quitter et puis tu as eu ces pensées. Ces rêves qui te perturbaient tu te voyais à 60 ans alors que moi je n’en avais l’apparence de 20 ans. Mais tu étais déjà à demi-humaine et à demi-elfe et j’espérais que l’on t’accorderait l’immortalité. Vivre à tes côtés pendant 70 ou 80 ans n’était pas grand-chose face à l’éternité mais j’étais prêt à faire le sacrifice. Alors je comprends Soren et j’espère qu’on lui accordera sa requête.

    Il m’a tendu la main, je l’ai prise pour m’aider à me lever. Il me tira à lui pour me prendre dans ses bras. J’ai levé la tête afin d’accrocher son regard avant de nous embrasser tendrement.

    Nous sommes rentrés afin de nous préparer il se faisait tard et nous serions en retard pour le repas.

    -          - J’oubliais ma princesse, tu es la seule et unique dans mon cœur, me dit-il de sa voix enjoleuse et ses yeux de braise.

    -          - A part ça tu n’as pas écouté la conversation.

    Il m’a souris, je ne pouvais pas lui en vouloir, nous nous comprenions tellement.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique