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    Une étrange soirée.

    *****

     

     

              Il était déjà 18 heures 30 lorsque nous sommes arrivées chez moi.  Nous avions eu une très belle journée et la température était encore lourde malgré la soirée qui commençait.

              Tess était toute excitée de passer encore une fois une soirée entre filles. Depuis que j’avais l’âge de rester toute seule mes parents avait  pris l’habitude de partir pratiquement un weekend sur deux histoires de se retrouver tous les deux. Je trouvais ça mignon et puis ça me permettait de passer le weekend avec Tess. Elle vivait avec son père qui s’était remarié et elle avait deux demi-sœurs. Elle les aimait beaucoup mais quelquefois elle ne se sentait pas à sa place. C’est pourquoi nos petits weekends l’enchantaient. Par contre interdiction de faire rentrer des garçons. Mes parents avaient été clairs à ce sujet, et pas d’exception pour JD.

     

    -          - C’est dommage que l’on ne puisse  pas faire venir JD après son boulot.

    -          - Tess. On en a déjà parlé, mes parents ne veulent pas de garçon ici lorsqu’ils ne sont pas là.

    -          - Mais pourquoi ? Ils le connaissent depuis qu’il est tout petit.

    -          - Je sais mais ils me disent que c’est une question de confiance pas de garçons un point c’est tout.

    -          - Ils savent au moins que tu viens d’avoir 17 ans ?

    -          - Oui. Et si tu veux tout savoir j’ai encore essayé de négocier l’autre jour au resto mais rien à faire.

    -          - C’est vraiment trop injuste.

    -          - Je sais aller viens à la cuisine nous allons préparer notre festin de ce soir.

    -          - Tu n’as pas oublié les sucreries ?

    -          - Non ! Je n’ai rien oublié !

     

              Après avoir mis nos chips dans un saladier, la pizza chaude dans un plat et pris nos paquets de sucreries nous nous installâmes dans le salon. J’avais descendu couette et duvet pour nous improviser un matelas moelleux sur le tapis. Comme nous trouvions qu’ils nous manquaient d’oreiller et coussins je pris mon courage à deux mains pour retourner à l’étage. Arrivée sur le palier j’ai eu comme un frisson malgré la tiédeur qu’il y faisait. Je sentais que quelque chose clochait mais je ne savais pas quoi. Je m’arrêtais là devant la porte du placard et écouta les éventuels bruits. Rien !

              J’attendis un peu et je me dis qu’en fin de compte ça devait être mon imagination qui me jouait encore des tours. Je pris ce qu’il fallait et me mis en route vers l’escalier. Tout à coup une ombre passa devant la fenêtre de ma chambre. Je me suis mise à crier !

              Tess gravit les escaliers très rapidement et s’arrêta à mes côtés.

     

    -          - Qu’est-ce qu’il y a Lize ? Tu as trouvé une araignée dans le placard ?

    -          - Non ! Là ! Je pointais mon doigt vers ma chambre. Une ombre !

    -          - Une ombre ? Non mais arrête ! Ne commence pas à me faire flipper.

    -          - Je t’assure Tess, une ombre est passée devant ma fenêtre.

    -          - Comment une ombre peut passer devant ta fenêtre, ta chambre est à l’étage et il n’y a aucun arbre devant.

    -          - Justement je n’y comprends rien.

    -          - Viens on va voir.

    -          - Non ! On redescend !

     

              Tess me prit par les épaules et déposa les coussins au sol. Elle me tira vers ma chambre.

     

    -          - Il faut que l’on vérifie sinon nous y penserons toute la soirée et nous sursauterons au moindre bruit.

    -          - Bon d’accord mais tu n’ouvres pas la fenêtre.

    -          - D’accord ! me dit-elle en soufflant.

     

              Nous nous approchions tout doucement de la fenêtre. Nous avions décidé de ne pas allumer la lumière. J’avais l’impression d’être dans un roman policier et que le tueur va surgir d’un moment à l’autre avec un couteau pour nous sauter dessus. Tess me tenait toujours la main cela était très rassurant, je n’étais pas seule.

              Nous nous sommes arrêtées devant la fenêtre, avons attendu quelques instants et Tess a tiré doucement le rideau. A cet instant je lui ai serré très fort la main pour lui faire comprendre que j’avais peur. Elle me rassura en me tapotant légèrement. Nous ne voulions pas dire un mot.

              Le silence était pesant. Nous avons scruté les environs. Les lumières de la rue nous permettaient de voir nettement ce qui pouvait se passer. Rien. Il n’y avait rien. Enfin si, il y avait la famille Kersen qui rentrait chez eux, la famille Mason qui recevait leurs invités au pied de leur porte. Un banal samedi soir dans mon quartier résidentiel. Pas d’ombre ! Pas de nuages dans le ciel ! Rien !

    -          - Tu es sûre de ce que tu as vu Lize ?

    -          - Oui, enfin je ne sais plus maintenant !

    -          - Bon allez on reprend les coussins et on file au salon la pizza doit être froide maintenant.

     

              Nous avons englouti la pizza et les chips en peu de temps. Est-ce que la peur donne faim ? Peut-être je ne sais pas vraiment en fait ! Nous étions plus détendues et nous parlions tranquillement de notre première semaine de cours.

    -          - Alors Tess tu ne m’as toujours pas dit ton plan pour que Greg tombe dans tes griffes ?

    -          - Disons que maintenant je ne suis plus aussi sûre qu’avant.

    -          - Pourquoi ? Une tonne de boutons lui est apparu pendant les vacances ?

    -          - Non il est toujours aussi craquant mais…

     

              Je regardais Tess étonnée. Elle avait l’air gêné ce qui m’étonna car je l’avais rarement vu dans cet état. Elle devait certainement rougir mais avec sa peau très mâte pas facile de le remarquer.

    -          - Tess ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ? La dernière fois que je t’ai vu comme ça c’était lorsque tu as vu Christopher la première fois.

    -          - Ah ! Tu avais remarqué cela aussi.

    -          - Tu es ma meilleure amie n’oublies pas !

    -          - Oui mais il est trop vieux pour moi je le trouve seulement très séduisant.

    -          - Il a quand même le double de ton âge.

    -          - Oui et puis j’ai très vite compris qu’il me prenait plus pour une petite sœur.

     

    Tess avait retrouvé son sourire mais elle semblait encore hésiter à me parler.

     

    -          - Donc Greg ne t’intéresse plus ? Tu as flashé sur qui ?

    -          - Tu me promets de ne pas te fâcher.

    -          - Pourquoi je me fâcherais.

     

    Tout un coup je sentis que mon cœur avait fait un léger arrêt.

     

    -          - Tu as craqué sur Maximilien ?

    -          - Non pas lui !

     

    Bizarrement je me parus soulagée.

     

    -          - Qui ?

    -          - Edwald !

    -          - Quoi ?  

    -          - Tu m’as promis  de ne pas te fâcher.

    -          - Je sais, aller raconte ….

     

              Mais un bruit venant de derrière la maison nous fit sursauter. Nous étions debout en un instant et nous nous sommes regardés. Nous nous sommes serrées l’une contre l’autre et restions prostrées dans un silence qui nous parus très long.

              Tout à coup nous avons eu l’impression que des ombres noires flottaient tout autour de la maison comme pour nous épier. Elles bougeaient c’était certain ! Nous étions toujours cramponnées l’une à l’autre. Nous  ne savions pas quoi faire. Les ombres entouraient la maison mais rien ne nous indiquait qu’elles voulaient rentrer à l’intérieur. Ce silence nous opprimait.

              Subitement il y eu un énorme éclair blanc et très lumineux puis plus rien. Les ombres semblaient avoir disparues. Toujours cramponnées nous nous regardâmes. Nous avons ressenti un bien être apaisant et tout redevint normal.

     

    -          - Lize ça va ?

    -          - Oui et toi ?

    -          - C’était quoi ça ?

    -          - Je ne sais pas !

     

              Nous restâmes silencieuses un long moment puis  ne sachant pourquoi nous nous sommes endormis au  salon au milieu des couettes et coussins.

     


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