• Chapitre 74

    L’âme d’Angurva

    Cela faisait déjà trois jours que tout le monde vivait sur la propriété. Mon père avait réussi à convaincre son patron de lui laisser prendre ses vacances. J’étais surprise de voir qu’il s’était aussi bien adapté. Il se passionnait pour toutes les plantes et les fleurs qui prospéraient autour de la demeure. Ma mère quant à elle n’était jamais très loin de Maminette et Célébrian. Je pense qu’elle cherchait à être au courant de tout ce qui se préparait afin de ne pas être mise à l’écart sur ce qui me concernait.

    Nous avions repris le chemin du lycée. Soren se chargeait d’aller chercher Tess. Il avait fait la connaissance de son père le dimanche d’avant et ses petites sœurs ne le lâchaient pas d’une semelle. Il leur avait appris pleins de nouveaux jeux. Tout le lycée était en effervescence. La fin des cours, la remise des diplômes et …. J’avais oublié le bal de fin d’année. Toute cette excitation me mettait mal à l’aise.

    Il faisait chaud. Nous étions allongés sur la pelouse histoire de prendre un peu de couleur.

    Soren était pensif depuis un moment. Max et moi nous nous demandions ce qui pouvait le tracasser. J’ai demandé à Max si ça ne le dérangerait pas si j’allais parler à son ami seul à seul lorsque nous serons rentrés. Pour toute réponse j’ai eu son sourire enjoleur.

    -          - Alors Lize. Ta nouvelle vie ?

    -          - Tu sais Tess je n’ai pas encore pris mes marques. Mais ça va.

    -          - Tu exagères ! Elle a déjà rangé toutes ses affaires et ses objets et souvenirs ont déjà leur place dans ma chambre. D’ailleurs j’en suis sûr maintenant ce n’est plus ma chambre c’est notre chambre. Même les meubles ont changé de place.

    -          - Tu n’as rien dit non plus ! Et puis ta chambre était déjà très belle mais elle manquait de petites touches colorées.

    -          - J’ai hâte de voir les changements, nous dit Tess. D’ailleurs je voulais passer après les cours histoire de voir comment tu t’en sors avec tes exercices.

    -          - Disons que j’ai de bons professeurs, lui répondis-je en regardant tour à tour les trois garçons assis avec nous.

    Il était 15 heures lorsque nous sommes rentrés. Il fallait que je me prépare pour mon premier entrainement avec Angurva l’épée elfique. Edwald m’attendrait à l’extérieur.

    -          - Tu trouves vraiment que j’ai pris mes marques ? demandais-je à Max en regardant la pièce.

    -          - Oui ma princesse. Mais ne t’inquiètes pas ça m’enchante. Elle est vraiment très belle et elle te ressemble. Il nous fallait quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’est ni ta chambre ni la mienne, quelque chose à nous. Et c’est très réussi.

    -          - Il faut vraiment que je m’entraine avec une épée ? Je ne suis pas à l’aise. Et puis ce n’est pas juste Edwald ne veux pas que tu sois présent pour la première leçon.

    -          - Je ne pourrais pas m’empêcher de te guider par la pensée ma princesse. Edwald le sait et il veut que tu t’imprègnes de l’âme d’Angurva sans être influencée. De toute façon mon oncle m’a fait appeler. Je dois aller dans son bureau dès que possible.

    -          - Quelque chose de grave ?

    -          - Je ne crois pas mais je te raconterais c’est promis.

    -          - Même si on te l’interdit ?

    -          - Même si on me l’interdit.

    C’est en trainant les pieds que je suis allée rejoindre Edwald. Il avait dans les mains son épée et dans l’autre l’étui où reposait Angurva.

    -          - Tu n’as pas l’air ravie de cet entrainement Lize ?

    -          - Ce n’est pas ça mais tu crois vraiment que c’est nécessaire de savoir utiliser cette épée ?

    -          - Oui c’est nécessaire et la prochaine fois Max pourra assister à l’entrainement , me dit-il en souriant.

    -          - Edwald ?

    -          - Oui.

    -          - Je voulais profiter du fait que nous soyons seuls  pour te remercier de m’avoir sauvé la vie lorsque nous avons libéré Max. ça faisait longtemps que j’aurais dû le faire. Je suis impardonnable.

    -          - J’ai fait ce qui m’a semblé être le mieux. Evguénia était devenue à moitié démon et je peux te l’avouer la tuer m’a libéré d’un énorme poids.

    -          - Mais c’était votre amie et …… tu l’aimais.

    -          - Oui mais elle a fait ses choix et elle était devenue quelqu’un d’autre. Elle n’était plus celle que j’aimais, celle que l’on connaissait. Assez de bavardages, commençons car si je t’accapare trop longtemps j’aurai des comptes à rendre à ton époux , me dit-il avec un large sourire.

    J’ouvris l’étui. Angurva étincelait à mon approche. Je l’ai pris, elle n’était pas si lourde que ça et paraissait assez maniable. Edwald me demanda de visualiser dans mon esprit l’épée et de ressentir son énergie, son âme. Et j’ai vu, j’ai vu tous ces visages, les uns après les autres. Tout d’abord la reine Célébrian jusqu’à Frthjof le faiseur de paix. C’était extraordinaire. L’épée montrait tous les visages de ceux qui l’avaient eu en main. J’ai même vu l’arrière grand-père de Maximilien. Il lui ressemblait tellement à part pour la couleur des cheveux.

    Je me suis encore concentrée j’ai vu l’âme de celle d’Edwald, elle m’a montré la mort d’Evguénia. Ensuite j’ai senti celle de Max, de Soren, d’Aldaron. A ce moment là ils sont tous arrivés comme si je les avais appelés. J’avais une impression de grandeur et de force. Mais également la responsabilité et l’obligation de réussir ma destinée.

    -          - Maintenant tu sais comment faire pour nous appeler à l’aide. Ta leçon du jour est terminée.

    -          - Quoi ? C’était seulement ça !

    -          - Oui pour aujourd’hui. Il fallait que tu t’imprègnes de l’âme d’Angurva et elle de la tienne avant toute autre chose.


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