• Chapitre 73

    La fin de l’innocence.

    Nous étions allongés depuis un moment. Je regardais ma chambre. Serait-ce la dernière fois que je la verrais ? Je regardais les objets qui m’emmenaient vers des souvenirs. Je me suis levée et je suis allée chercher mon journal que j’avais lâchement abandonné depuis quelques temps. Max restait calme, il m’observait.

    J’ai pris un crayon et me suis installée confortablement contre lui.

    -          - Tu veux que je te laisse seule ma princesse ?

    -          - Non, je veux que restes comme ça. J’ai des choses à mettre par écrit, j’en ressens le besoin. Tu sais au cas où. Je veux raconter notre histoire pour ma famille du moins. Je veux qu’ils comprennent que même si cela n’a pas duré longtemps j’ai vécu quelque chose d’extraordinaire, de magique et que cela a été intense.

    -          - Tu te vois déjà morte, me dit-il tristement.

    -          - Non. C’est juste que j’ai besoin de savoir que je laisse une trace derrière moi. Et puis si nous survivons ça fera une formidable histoire à raconter à nos enfants.

    -          - Nos enfants ? Et bien je suis heureux d’apprendre que tu veux avoir des enfants ma princesse. Tu as enfin accepté que nous étions mariés.

    -          - Disons que je t’appartiens pour l’éternité et que lorsque l’on aime les enfants deviennent une évidence. Mais nous n’en aurons sans doute pas, je le sais très bien.

    -          - Pourquoi ? A cause du 21 juin ?

    -          - Non. A cause du fait que tu es un elfe et moi une humaine. Nous somme peut-être seulement fait pour nous aimer intensément toute notre vie.

    -          - Je ne sais pas ma princesse. C’est vrai que sur le moment toi seul ne comptait. Ce n’est que lorsque j’ai vu ton tatouage que j’ai senti le besoin de fonder ma propre famille avec toi. Et puis après tout s’est passé si vite. Je n’ai pas réfléchi à la question. Tu es à moitié elfe ne l’oublies pas. Je te promets nous tâcherons de répondre à cette question lorsque tout sera terminé.

    -          - Rien ne presse je n’ai que 17 ans.

    -          - Bientôt 18 ans ma princesse. Et puis dans mon monde il y en a quelques uns qui sont parents à nos âges.

    Je n’avais pas envie de discuter plus longuement sur le sujet. J’ai ouvert mon carnet et j’ai écrit. J’ai écrit pendant une bonne partie de l’après-midi. Max restait silencieux. De temps en temps il caressait mes cheveux, jouait avec quelques mèches. Il me caressait le visage. Il bloquait ses pensées. Etait-ce pour ne pas me perturber ou bien ne voulait-il pas que je sache ce qui lui trottait dans la tête ?

    Je savais qu’il lisait tout ce que je notais au fil de mes pages blanches. Toutes les questions que je m’étais posée sur lui. Mes sentiments, mes peurs, tout ce que j’avais ressenti pendant son absence, la crainte de le perdre à jamais.

    Lorsque j’ai refermé mon carnet, j’ai ressenti un grand soulagement. J’avais l’esprit plus léger. Maximilien aussi d’ailleurs car il avait soulevé mes cheveux afin de m’embrasser tendrement dans le cou. Son souffle me faisait vibrer.

    Mais il fallait que je prépare mes affaires. A partir de ce soir je ne le quitterais plus. Je me suis levée, Max faisait la moue. Je souriais, il était tellement adorable avec son air boudeur.

    J’ai emporté des vêtements, des objets qui étaient importants et dont je ne voulais pas me séparer. Ma boite à musique bien sûr, quelques bouquins.

    Je suis tombée sur celui que Lize m’avait offert à Noël. Je ne l’avais pas encore lu. Je l’ai mis dans mon sac, je trouverais le temps, je devais bien ça à ma meilleure amie. J’ai regardé le coffret que JD nous avait offert également mais je l’ai laissé à sa place. Ça me faisait encore mal de penser à lui, à son amitié perdu mais il a fait le choix de ne plus me parler, de faire une croix sur toutes ces années.

    J’étais enfin prête. J’ai remis mon journal dans sa boîte avec une photo de mes parents et moi. Puis j’ai remis le coffre de ma grand-mère dans sa cachette. J’ai regardé une dernière fois ma chambre avant de fermer définitivement la porte sur mes années d’insouciance.

    Maminette s’est proposée pour nous accompagner chez Max. Elle avait vu Christopher et voulait s’entretenir avec Célébrian. Mes parents arriveraient le lendemain afin de pouvoir s’installer le plus vite possible sur la propriété de la reine et sa famille.

    Sur le chemin qui m’emmenait vers une autre vie je regardais l’horizon et priait silencieusement pour que tout se passe bien.

    -          - Tu vas bien mon trésor ? s’inquiéta Maminette.

    -          - Oui je vais bien. J’ai juste l’impression de quitter ma vie de petite fille et ce n’est pas évident.

    -          - Mais c’est réellement ce que tu veux, n’est-ce pas ?

    -          - Oui. Je veux être avec Max, lui répondis-je en regardant tendrement le garçon qui se trouvait à côté de moi.

    -          - Et j’en suis très heureux, nous dit celui-ci.

    Maminette leva les yeux au ciel avant de rire de bon cœur.

    -          - Comment va Christopher ?  lui demandais-je.

    -          - Il va mieux. Il n’a pas réussi à sauver la compagne de Gus. Ça l’a beaucoup secoué c’est pour ça qu’il n’est pas rentré tout de suite. Il a préféré rester un moment avec la meute.

    -          - J’en suis désolée. Ça a dû être terrible pour Gus ?

    -          - Ce sont des créatures fortes et fières. Il va s’en sortir, j’en suis persuadée. Mais je vous parlerais de tout ça une autre fois. J’ai des choses à régler avec Célébrian avant de vous mettre au courant de certaines choses.

    Elle se dirigeait déjà vers le bureau d’Aldaron pendant que nous déchargions mes bagages. Soren et Edwald sont venus nous aider. Ils étaient déjà au courant de mon installation et avaient déjà fait le nécessaire pour préparer la dépendance prévue pour mes parents. Il va vraiment falloir que je les remercie de tout ce qu’ils font pour moi.


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