• Chapitre 3

     

     

    CHAPITRE  3

     

    Ma mère envoya mon oncle à sa recherche. Il est revenu le lendemain, tout était prévu, il se rendrait avec moi aux Etats Unis parce que c’était là-bas qu’elle se trouvait et qu’elle était dans un camp de vacances avec d’autres jeunes gens de son âge. Nous ne savions toujours pas son nom.  Mon oncle avait téléphoné à la directrice en se faisant passer pour un riche homme d’affaires qui voulait mettre son fils en sécurité après avoir reçu des menaces à son encontre. Que je me ferais très discret et ne poserais aucun problème.

    Après plusieurs minutes de discussion et la promesse de doubler le tarif de mon séjour cette dame nous donna rendez-vous pour le lendemain.

    Il  fallait maintenant que j’ai une discussion avec mes amis pour leur expliquer mon absence. Ma mère m’avait conseillé de ne rien leur dire pour la jeune fille.

    Nous étions réunis sous le plus vieil arbre de notre village.

    -          - Pourquoi dois-tu partir ? me demanda Evguénia.

    -          - Des obligations familiales. Je dois partir avec mon oncle.

    -          - Pourquoi ne pouvons-nous pas t’accompagner ? demanda Soren. Ce serait sympa !

    -          - Je suis désolé mais c’est une démarche que je dois faire seul.

    -          - Combien de temps seras-tu absent ? demanda Edwald.

    -          - Sans doute une dizaine de jours.

    -          - Si longtemps ! Tu ne peux vraiment pas annuler ? me dit Evguénia.

    -          - Non. Cette fois-ci je ne peux pas y échapper. Soren, Edwald, vous pouvez me laisser seul avec Evguénia. Je vous retrouverais tout à l’heure. J’ai des choses à lui dire.

    J’ai senti le regard froid d’Edwald sur moi. Avec lui aussi, il va falloir que j’aie une conversation. Il faut qu’il sache que je ne prendrais pas Evguénia pour femme.

    Je soupirais. J’avais du mal à regarder mon amie. Je la sentais à la fois nerveuse et excitée. Comment ne pas lui faire de mal ?

    -          - Evguénia avant de partir je voulais avoir une conversation avec toi.

    -          - Je sais Max. Tu veux officialiser les choses entre nous. C’est normal.

    -          - Ce n’est pas du tout ça. Je ne veux pas te faire de peine mais je ne veux pas être ton mari. Je te considère comme ma petite sœur et ça ne changera jamais.

    -          - Non ! C’est ce qu’il y a de prévu depuis toujours. Je t’aime et un jour tu seras à moi.

    -          - Il n’y avait rien de prévu juste les adultes qui nous taquinaient un peu parce que nous étions toujours ensemble. Je n’ai jamais eu les sentiments que tu aimerais que j’ai pour toi et je ne les aurais jamais. Je ne suis pas non plus une chose à qui je peux appartenir. Etant le prince héritier de ce royaume c’est à moi seul de décider de ma vie. Je ne veux pas qu’on  se haïsse mais si il faut en arriver là je te ferais rappeler de tenir ton rang.

    -          - C’est très bien pour l’instant. Je resterai ton amie mais je ne te le jure un jour tu seras à moi !

    Dans l’avion qui m’emmenait vers les Etats-Unis je repensais à Evguénia. Je savais que ça ne serait plus comme avant. Je sentais qu’il faudrait que je surveille mes arrières, elle pouvait se montrer méchante et machiavélique.

    Je n’ai pas eu le temps de parler à Edwald mais vu l’humeur d’Evguénia je crois qu’il a compris que je lui laissais la place. D’ailleurs il n’y avait pas de place à prendre puisque je ne l’avais jamais convoité.

    Mes pensées se dirigèrent vers mon dernier rêve. Je ne sais pas comment m’y prendre, je n’ai jamais parlé à une humaine. Et si je ne lui plaisais pas ? Il faut que ce soit elle qui cherche à me parler. Ma mère m’a demandé de faire confiance en mon instinct, que petit à petit tout deviendrait clair dans mon esprit.

    Une voiture noire nous attendait sur le parking de l’aéroport. Nous avions encore une heure de route avant d’arriver à ce camp de vacances. J’avais hâte de la voir, hâte de sentir sa présence non loin de moi. Comment lui faire comprendre qui je suis, sans lui faire peur. Mon oncle gardait le silence, ça m’arrangeait, je n’avais pas si envie que ça de faire la conversation.

    Il me demanda à notre arrivée de rester pour l’instant dans la voiture, il me ferait signe pour le rejoindre. La directrice nous attendait, elle paraissait gentille malgré ses allures strictes. Ils ont parlé pendant de longues minutes. Mon cœur battait assez fort. Elle n’était pas loin j’en étais certain. Je voulus regarder autour de moi mais à ce moment là mon oncle m’appelait. Je suis descendu très lentement, je ne sais pas pourquoi.

    Mon oncle a exigé que je mette cet uniforme par cette chaleur ? Est-ce qu’il a pensé que nous serions plus crédibles  avec ces ensembles noirs ? J’ai présenté mes respects à la directrice que mon oncle me présentait. Elle nous demanda de la suivre à l’intérieur afin de revoir les détails de ma présence ici.

    J’allais les suivre quand tout à coup j’ai su qu’elle était là. Je sentais son regard sur moi, il m’électrisait. C’était plus fort que moi, je devais regarder. Je me suis retourné et je l’ai vu derrière les arbres plus loin, elle tenait un livre à la main. Lorsque nos regards se sont croisés j’ai su que c’était elle qui m’était destinée. J’ai souri et je suis rentré rejoindre mon oncle.

    On m’avait installé dans un bungalow un peu à l’écart des autres adolescents. C’était la toute première fois que je me retrouvais sans mes amis, sans ma famille, seul. Malgré tout, ça ne m’effrayais pas je la savais là tout près de moi. Demain, je la verrais, j’apprendrais à la connaitre, même si je ne dois pas encore l’aborder.

    J’ai encore rêvé d’elle. Nous étions ensemble. Je lui caressais les cheveux, ils étaient tellement soyeux. Elle me souriait, j’aimais ça. Je voulais la toucher mais à chaque fois je me réveillais à ce moment là.

    Mon oncle me fit parvenir une lettre au bout de quelques jours.

     

    Cher neveu,

    Je peux t’apprendre que la jeune fille s’appelle Elizabeth Howell, elle habite à Bothell près de Seattle. Son anniversaire est le 25 juillet. Ne fais pas d’imprudence. Je vais à Bothell afin d’acheter une maison là-bas.
    Nous en reparlerons plus tard.

    Aldaron.

     

    Une maison là-bas ? J’allais pouvoir vivre près d’elle. A ce moment là je me suis dit que si je n’avais plus qu’un an de liberté, plus qu’un an à être moi-même,  je ne pouvais pas rêver mieux que de passer le reste de mon temps avec cette jeune fille.

    Je sentais le besoin de lui offrir quelque chose pour son anniversaire mais je n’avais pas la possibilité de sortir d’ici et je ne pouvais pas utiliser mes pouvoirs. Il fallait quelque chose qui la surprenne. J’avais emmené ma guitare, je me suis dit qu’elle me tiendrait compagnie. Oui ! Une mélodie. J’allais lui écrire une mélodie. Je commençais à jouer, j’ai ouvert mon esprit et j’ai pensé à son visage, à ses superbes yeux verts et tout naturellement les notes se mettaient en place.

    Ça fait deux jours que je m’arrange pour la regarder sans me faire voir. Mon oncle m’avait appris qu’elle s’appelait Elizabeth mais tout le monde l’appelait Lize. Elle est souvent seule et triste. J’ai encore plus envie de la prendre dans mes bras. Je sais qu’elle ressent ma présence car elle s’arrête et regarde autour d’elle comme pour chercher quelqu’un. Je ne dois pas m’approcher, pas maintenant, pas comme ça.

    Je vais lui jouer ma mélodie cette nuit. Si elle ressent quelque chose pour moi, elle l’entendra et viendra à moi.

    Ce que j’ai fait quelques heures plus tard. Je m’étais installer près du lac avec ma guitare et j’ai joué. Au bout de quelques temps j’ai entendu des bruits de pas, ils étaient encore loin mais ils se déplaçaient doucement. C’était elle. Elle essayait de ne pas faire de bruit. Elle m’observait derrière un arbre non loin de moi. Elle se cachait de moi.

    Je me suis alors retourné dans sa direction.

    -          - Cette musique est pour toi seule. C’est mon cadeau d’anniversaire.

    Je me suis levé et ai pris le chemin des bungalows. Il ne fallait pas que je m’arrête, il ne fallait pas que je la regarde. Je ne voulais pas qu’elle pense que j’étais une sorte de psychopathe. Alors je l’ai laissé là seule au milieu des bois. J’avais senti ses émotions, elle était à ce moment fébrile et tellement fragile.

    Comment pouvais-je partir, la laisser seule alors que mon rêve le plus fou était de la couvrir de baisers.

    Je me suis contenté de l’observer chaque jour sans me faire remarquer jusqu’à son départ.

     


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